Source : Capital.fr – À force de faire payer cher des prestations médiocres, la fréquentation touristique du joyau normand a fortement baissé. Visite (non) guidée.
« Scandaleux », « honteux », « une arnaque »… : quand il s’agit de donner leur avis sur La Mère Poulard, le célèbre hôtel-restaurant du Mont-Saint-Michel, les clients n’y vont pas avec le dos de la cuillère. Sur TripAdvisor, les commentaires cinglants dominent à un niveau tout à fait inhabituel. « Quand on compare avec des sites touristiques équivalents, le Mont est vraiment mal noté, assure Thomas Yung, expert en e-réputation hôtelière. Il est bien au-dessous de la moyenne.»
La reine de l’omelette serait-elle victime d’une cabale ? Pour en avoir le cœur net, nous sommes allés vérifier par nous-mêmes en séjournant un week-end de mai dans ce trois-étoiles. Ici, la nuit seule est affichée à 280 euros. A-t-on au moins vue sur la baie, pour ce tarif ? Hélas non, chambre sur cour. Un confort exceptionnel ? Pas du tout, la décoration est sans charme, la salle de bains défraîchie. Un service aux petits soins, alors ? Nous avons guetté en vain un bagagiste pour nous aider à monter notre valise, traînée sur des centaines de mètres depuis le parking. Et le soir venu, après avoir gravi les 350 marches qui mènent à l’abbaye, nous n’avons pas davantage pu prendre un dernier verre au bar de l’hôtel. A 22 heures, il était fermé. Pour que la déception soit totale, le petit déjeuner – pourtant inclus dans la réservation – nous a été facturé 25 euros par personne. Le tout pour un modeste buffet.
Avec de telles prestations, indignes d’un tel site, pas étonnant que la fréquentation du rocher normand ait dégringolé, passant de 3,5 millions de visiteurs il y a dix ans à 2,2 millions l’an passé. Les Japonais, estimés à 300 000 par an jusqu’à une date récente, se font désormais plus rares dans les ruelles escarpées du village. Les restaurateurs déplorent une baisse de 20 à 30% de leur chiffre d’affaires depuis 2012, comme à la crêperie du Chapeau rouge, si l’on en croit sa patronne, Nadine Payen. Et tous s’inquiètent de voir leur pactole – le business total du Mont est estimé à 80 millions d’euros par an – se perdre dans la brume. S’ils écoutaient déjà leurs clients, ça irait un peu mieux. «Bien sûr, c’est un endroit extraordinaire, mais les commerçants abusent franchement, c’est un vrai piège à touristes», peste ce couple de retraités venu de la région parisienne et croisé à la sortie d’un restaurant. «On sait qu’un site touristique, c’est souvent cher, mais là, c’est écœurant», ajoute cette famille d’Ajaccio, déçue d’avoir payé 27 euros l’entrée à un musée où ne s’entassent que trois bibelots poussiéreux.
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Crédit photo : afloresm via Flickr (cc)