[Tribune libre] Redécouvrir Robespierre – par Charles Demassieux

22 juillet 2014 | Culture, France, Politique

22/07/2014 – PARIS (NOVOpress)
Le 28 juillet 1794, ayant comparu devant le Tribunal révolutionnaire, Maximilien Robespierre était exécuté avec les « robespierristes » après une arrestation violente à l’Hôtel-de-Ville de Paris, au cours de laquelle il aurait soit tenté de se suicider, soit reçu une balle dans la mâchoire tirée par le gendarme Méda, selon les versions. Mâchoire retenue par un bandage que le bourreau arrachera sans ménagement sur l’échafaud, découvrant aux yeux du peuple une blessure hideuse.

Robespierre – qui, jadis, prononça devant le lycée Louis-le-Grand, où il était élève, un éloge du roi Louis XVI qui passait par là : ironie de l’Histoire ! – est un homme politique peut-être sombre et controversé du roman national ; il n’en est pas moins d’une envergure indéniable. On pourra gloser sur sa froideur, sa cruauté, mais il est essentiel de mettre sa politique en parallèle avec la situation d’alors : la France est attaquée aux frontières par une coalition de puissances étrangères ; à l’intérieur, elle subit l’insurrection vendéenne (dont il ne faut pas ignorer au passage la quasi génocidaire répression) ; la Révolution est incapable de mener une politique unitaire, les factions s’entredéchirant. Dans ce maelström de l’Histoire, l’avocat d’Arras reste un fervent patriote, ce mot dont Christiane Taubira rêve de faire un délit !

Croyant en un Être Suprême – donc en Dieu –, Robespierre fustigera la déchristianisation de la France comme contre-révolutionnaire, rappelant en même temps le principe de la liberté de culte. Il savait aussi certainement qu’on ne détricote pas le passé d’une Nation au risque de la précipiter dans le chaos. Chaque Nation possède un socle sans lequel on ne peut rien construire de viable.

Et si, exalté par sa propre voix, il a initié la dictature de la Terreur, résumer Robespierre à un remplisseur de charrettes pour la guillotine est un peu léger. Qui songerait – à part une poignée d’incultes antifas peut-être ! – à réduire l’immense carrière politique de Clemenceau au casseur de grèves (celles de 1917 déclenchées en pleine guerre dans des usines d’armement, rappelons-le !) ?

Homme de contradictions, indéniablement – un jour il se dresse contre la peine de mort, un autre il en appelle à l’exécution du roi –, Robespierre œuvrera toujours, avec un jusqu’auboutisme certes effrayant, pour la Patrie. Il ne s’est par exemple jamais enrichi avec l’argent de l’Etat. On ne l’appelait pas « l’Incorruptible » pour rien ! Certains seraient inspirés de l’imiter !

Sur la question la peine de mort, qu’il réprouvera donc dans un premier temps, il reconnaîtra toutefois le droit de se protéger individuellement : « Hors de la société civile, qu’un ennemi acharné vienne attaquer mes jours, ou que, repoussé vingt fois, il revienne encore ravager le champ que mes mains ont cultivé, puisque je ne puis opposer que mes forces individuelles aux siennes, il faut que je périsse ou que je le tue ; et la loi de la défense naturelle me justifie et m’approuve. » (« Discours sur la peine de mort » prononcé en mai 1791)

Appliquez ce précepte aujourd’hui et vous voilà mort sinon physiquement, au moins socialement, à condition que vous soyez un autochtone. Dans le cas contraire, votre passeport de la diversité aura force de loi !

A l’heure actuelle où la Nation n’est plus défendue que par quelques courageux citoyens, noyés dans la masse consumériste et indifférente, quand ils ne sont pas pourchassés par des associations vampiriques – officines d’une immigration dérégulée et mortelle pour notre pays – ; condamnés par des juges complaisants ou cyniques ; trahis par des politiciens illégitimes qui ne servent pas les Français mais, au contraire, leurs plus farouches ennemis, Robespierre demeure un personnage, non pas idéal – parce qu’il a à répondre devant l’Histoire de ses excès meurtriers –, mais cependant majeur ; pris dans une tourmente collective immense, il en a toujours appelé à la République une et indivisible.

Pour conclure, laissons-lui le mot de la fin à travers deux extraits de son dernier discours, prononcé le 26 juillet 1794, riches d’enseignements et douloureusement d’actualité : « Dirons-nous que tout est bien ? Continuerons-nous de louer par habitude ou par pratique ce qui est mal ? Nous perdrions la patrie. Révélerons-nous les abus cachés ? Dénoncerons-nous les traîtres ? On nous dira que nous ébranlons les autorités constituées, que nous voulons acquérir à leurs dépens une influence personnelle. Que ferons-nous donc ? » […] «  Je suis fait pour combattre le crime, non pour le gouverner. Le temps n’est point arrivé où les hommes de biens peuvent servir impunément la patrie; les défenseurs de la liberté ne seront que des proscrits, tant que la horde des fripons dominera. »

Charles Demassieux(1)

Crédit photo Une : Domaine public via Wikipédia (cc).

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Note :
1) Charles Demassieux : “ A ceux qui seraient intéressés par certains grands et petits secrets de notre Histoire, depuis les Croisades jusqu’à la Première Guerre mondiale, je me permets de vous faire part de mon dernier roman, aux éditions Hélène Jacob : Les ‘vraies fables’ du conteur Lepeintre.”

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