09/07/2014 – RIO (via Boulevard Voltaire)
Il faut que ça rentre dans votre crâne: pour ça, la télé, Le Monde ou Libé et Mickey Magazine vous rabâchent à longueur de journée leur ode au Brésil métissé, multiculturel et riche de ses différences bla-bla-bla. Les reporters sont sur place, chemise ouverte et barbe de trois jours. En arrière-plan, les plages, le soleil couchant. Dans son fauteuil, engourdi par la kro et le pastaga, le beauf moyen n’aura donc qu’une version de l’histoire. De son côté, le bobo sera satisfait : le Brésil c’est cool, tout le monde se mélange dans la joie et la bonne humeur. Bien sûr il y a les favelas et le trafic. Mais c’est social on vous dit, social.
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A la place du peuple à peau sombre et aux dentitions défoncées, les caméras braquent et bandent sur les bombasses brunes ou blondes aux dents éclatantes. Ce sont des brasileiras d’origine portugaise, espagnole, italienne, hollandaise ou allemande, celles qu’on peut montrer quoi ! Les autres on les garde pour les clichés du carnaval. La coupe du monde le prouve : le Brésil est un pays où l’apartheid est officieusement admis.
Bien sûr il n’y a pas de loi écrite, bien sûr ce n’est plus le Brésil des années 1900 qui voulait officiellement « blanchir sa race ». Mais il suffit de visiter le pays pour découvrir le pot aux roses : les blancs vivent littéralement séparés du reste de la population. Dès qu’ils en ont les moyens, ils s’installent dans des condominios, quartiers fermés entourés de murs hauts de 3 à 5 mètres, dont le sommet est délicieusement garni de barbelés. Pour pénétrer dans ces zones blanches, il faut passer un check point gardé par des miliciens privés, souvent armés. L’apartheid se fait en douceur. Pas de risque de sanctions internationales…
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Photo Une : la favela de Nova Friburgo, près de Rio de Janeiro. Crédit : Guety via Wikipédia (cc).