06/06/2014 – www.present.fr – Entretien avec Bruno Gollnisch réalisé par le quotidien Présent, parue dans le numéro d’aujourd’hui. – Alors candidat aux européennes, Bruno Gollnisch avait été interrogé par Yves Chiron dans notre numéro spécial Europe (Présent du 10 mai). Le voici réélu, en compagnie de quelques autres… voire un peu plus que cela : un groupe de 24 députés du Front national. Un nombre qui sera une force, nous explique Bruno Gollnisch.
Présent : Comment s’est déroulée la campagne pour vous ?
Bruno Gollnisch : Bien. Nous avons enchaîné les meetings et les réunions publiques. Nous avons repris les thèmes généraux développés par les candidats des différentes régions. Les enjeux sont les mêmes. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous sommes contre la sectorisation de la France. Autrefois, les candidats se présentaient au niveau national. Sous prétexte de les rapprocher des électeurs, on a découpé la France en gros morceaux qui n’ont aucune personnalité.
Vous êtes député européen depuis de nombreuses années. Quelles sont les évolutions que vous avez pu remarquer au fil du temps ?
Pendant longtemps, nous avons cherché à améliorer le fonctionnement de l’Union européenne, espérant ramener l’institution à plus de raison et à un plus grand respect des identités nationales. Ce que nous voulions construire, c’était une Europe des nations. Aujourd’hui, notre critique de l’institution est beaucoup plus radicale parce que nous constatons, avec regret, qu’elle est irréformable. Le gigantisme de ses appétits, aussi bien au niveau spatial qu’au niveau des compétences – elle veut tout gérer du domaine social au culturel en passant par la politique et la sexualité ! – est impressionnant. Et étonnant, car on ne peut que constater les cuisants échecs qu’elle a enregistrés, concernant tant ses décisions politiques qu’économiques, familiales, etc.
Qu’est ce qui va changer concrètement pour les élus frontistes du parlement européen ?
Il est encore trop tôt pour le dire, notamment concernant la constitution d’un groupe parlementaire. Ce que je peux vous affirmer cependant, c’est que notre investissement sera le même. Nous avons tenu honorablement notre rang au parlement européen durant les précédents mandats, malgré ce qu’ont voulu faire croire des hommes politiques comme Lamassoure. Bien sûr, désormais nous serons plus nombreux, nous pourrons donc être beaucoup plus présents. Vous imaginez bien qu’il est difficile de pouvoir assister aux réunions dans 20 commissions différentes lorsque vous n’avez que trois élus ! Ce qui ne nous a pas empêchés de faire notre travail et de nous battre pour nos idées.
Que vous apporterait la constitution d’un groupe parlementaire ?
Nous aurions des moyens administratifs et financiers. Pour vous donner un exemple, jusqu’ici, lorsque nous faisions des réunions avec d’autres parlementaires autrichiens, flamands ou autres, nous n’avions pas d’interprètes. Si nous avons un groupe, nous disposerons d’interprètes pour chacune des langues du groupe, ce qui facilite grandement les échanges. Sans compter que le fait d’avoir un groupe nous permettrait de siéger à la conférence des présidents de groupe, qui se réunit autour de l’autorité du président du parlement, et ainsi de décider de l’ordre du jour etc. Notre poids politique serait indéniablement plus fort.
Que pensez-vous de la réforme territoriale que propose le gouvernement ?
Je suis effaré. Le mot n’est pas trop fort. Cette réforme donne l’impression que nous avons affaire à des amateurs. Sans compter que les prétendues économies qu’elle est censée engendrée, si elle en engendre, ne seront qu’une goutte d’eau dans l’océan de notre déficit. Je pense d’ailleurs que cela va nous coûter cher. Les faits ont déjà montré que les économies d’échelon de la sorte n’existent pas. Regardez les intercommunalités. Où sont les économies ? Il en ira de même avec les régions.
Vous ne pensez donc pas que cette décentralisation permettra de rapprocher les élus des citoyens ?
Au contraire. On prétend que la décentralisation a pour but premier de rapprocher les décisions des citoyens. Mais le gouvernement veut créer des régions énormes qui, de fait, vont s’éloigner de plus en plus des administrés. Imaginez que, pour fonder un collège dans le Cantal, il faudra aller défendre son dossier à Lyon, quand aujourd’hui on va le faire à Aurillac! Cette réforme est complètement irrationnelle. Ces régions, créées de toutes pièces avec une paire de ciseaux et un peu de colle, sont monstrueuses. Elles n’ont aucune cohérence sur le plan humain, géographique, économique ou historique. C’est absurde.
Propos recueillis par Anne Isabeth
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Crédit photo : blandinelc via Flickr (cc)