Je suis de ceux qui considèrent leur chien comme une vraie personne. Je sais cependant que ce ne sont pas des humains. Leur reconnaître des droits à un traitement digne, ce n’est pas interdire la chasse ou la corrida et encore moins la consommation de viande. Le problème, bien sûr, c’est que certains khmers verts veulent nous condamner à manger des graines et encore !
Cependant un chat n’est pas un guéridon. Qui peut dire le contraire ? La loi vient d’intégrer ce qui peut sembler une évidence pour beaucoup. Un amendement a été ajouté au projet de loi sur la simplification du droit, visant à clarifier le statut juridique des animaux domestiques. Cet amendement est censé éclaircir un peu le flou du statut légal de l’animal domestique.
Depuis Napoléon et la création du Code civil, nos chers compagnons étaient considérés comme de simples meubles. Mais attention, des meubles qu’il convenait ni de battre, ni d’abandonner, sous peine de prison. Le Code pénal, lui, reconnaît les animaux comme des êtres capables de souffrance. En février, un Marseillais (sic) a ainsi été condamné à un an de prison pour avoir lancé un chaton contre un mur à plusieurs reprises.
Ce statut mixte de l’animal fait depuis longtemps l’objet d’une bataille de la part de ses défenseurs, notamment la Fondation 30 millions d’amis, qui fait circuler une pétition demandant un changement de notre droit depuis plusieurs mois. Luc Ferry affirme par exemple « les animaux ne sont ni des choses, comme le prétendait Descartes de façon aberrante, ni non plus des humains.»
En 1755, dans son « Traité des animaux », Condillac écrivait : « Il serait peu curieux de savoir ce que sont les bêtes, si ce n’était pas un moyen de savoir ce que nous sommes ». Depuis l’Antiquité, le regard porté par l’homme sur le vivant nourrit une interrogation qui, au fil des siècles, depuis Aristote jusqu’à Descartes, puis jusqu’à nos jours, a suscité une multitude de débats philosophiques, scientifiques, idéologiques et religieux. A date récente, le développement de la recherche a conduit à se demander si les animaux ne sont pas des personnes. Il s’agit en fin de compte de savoir quelle est la place de l’homme dans la nature.
Pour Yves Christen, dans son ouvrage « L’animal est-il une personne ? », en dépit des caractéristiques qui fondent l’homogénéité de son espèce, chaque animal est un individu à part entière, un être social unique, complexe, et par là même un sujet de droit. Konrad Lorenz disait que ceux qui refusent d’admettre que l’homme est un animal ont tort, mais que ceux pour qui il n’est rien d’autre qu’un animal ont tort également.
Sur ces problèmes, on ne peut que renvoyer à un ouvrage remarquable d’intelligence d’Alain de Benoist « Des animaux et des hommes ». « Entre les hommes et les animaux, y a-t-il une différence de nature ou une différence de degré ? Par rapport aux sociétés animales, quelle est la spécificité des sociétés humaines? Plus généralement, comment faut-il comprendre la façon dont s’articulent la nature et la culture ? Quelles leçons tirer des plus récentes découvertes scientifiques ? Peut-on encore jeter les bases d’une véritable anthropologie philosophique ? » C’est à ces questions que s’efforce de répondre ce livre, à partir d’un survol de l’histoire des idées et d’une enquête sur l’état actuel du savoir.
Un livre indispensable pour avoir une attitude humaine vis-à-vis des animaux sans tomber dans la subversion de la sensiblerie instrumentalisée.
Jean Ansar
En savoir plus :
– Des animaux et des hommes, la place de l’homme dans la nature, d’Alain de Benoist, Ed. Alexipharmaque.
– L’Animal est-il une personne, d’Yves Christen, Ed Flammarion.
– Il parlait avec les mammifères, les oiseaux et les poissons, de Konrad Lorenz, Ed Flammarion.
Source : Metamag.
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