24/03/2014 – PARIS (via Belle et Rebelle)
Bon d’accord, quand on est une Belle et Rebelle, on n’est pas censée s’intéresser à la presse ultra conventionnelle que nous proposent nos marchands de journaux. Mais que voulez-vous, si on pouvait faire une version magazine de notre webzine préféré, on serait moins tentées.
Mais là, lorsque l’on se retrouve dans un Relay presse, les jolies couleurs nous attirent, on a envie de feuilleter les pages acidulées de papier glacé, de se plonger dans la lecture légère et artificielle, en fin de semaine, pour oublier nos soucis, et surtout parce qu’on n’a pas la tête à une grande conversation philosophique. Et donc, on craque. Mais voilà, quand on le lit… On est toujours déçue. On se demande vraiment ce qui nous a pris de dépenser notre argent pour quelque chose qui nous correspond si peu. On a l’impression de lire un bouquin pour martiens… Ou alors d’être martiens soi-même. En tout cas, on ne parle pas la même langue, on n’a pas les mêmes attentes, on ne ressent pas les mêmes besoins et on ne connaît même pas les gens qui nous sont présentées comme des people incontournables et dont on n’a jamais entendu parler.
Trop de pub tue la pub
Sur la couverture, on a vu qu’il y avait quelques sujets à aborder, quelques articles a priori. Mais en feuilletant le magazine, on désespère de trouver enfin un peu de texte. On voit de belles images, pour les parfums, les produits de beauté, les vêtements… Les quelques lignes écrites sont elles-mêmes des pubs pour tel ou tel produit qu’il faut absolument se procurer pour être in et ces textes sont eux-mêmes entrecoupés d’images, comme si tout était fait pour qu’on ait le moins possible à réfléchir.
Le langage : moi pas comprendre
Il suffit de lire le sommaire pour avoir l’impression d’être atterrie sur une autre planète : ça nous parle de making of, de ce qui est absolument must et absolument have, de it-girls et autres armées de termes tirés de l’anglais. (Tiens soit dit en passant, ça me rassure que mon ordinateur me souligne tous ces termes de petites vagues rouges, il sait encore parler français lui!) On ne parle plus de nourriture, mais de food, on oublie les livres pour se plonger dans des books qui sont tous des best-sellers voir des sex-sellers, et à nos pieds on enfile nos supers shoes à talons high pour parcourir la street.
Les prix…
On nous présente un tas d’objets sensationnels qui sont prêts à changer nos vies et qu’on doit absolument se procurer si on souhaite aspirer au bonheur… Mais lorsque l’on regarde les prix de ces précieuses babioles, on se demande s’ils ne se sont pas trompés et n’ont pas mis un ou deux 0 en trop… Voyons vous sacrifierez bien quelques 500€ pour un petit bermuda, dernière tendance en vogue (Euh ouais…. Je vais ressortir mon vieux short de scout, ça fera l’affaire) ? Et 400€ pour avoir un unique clou planté dans l’oreille (autant aller directement farfouiller dans l’établi de mon père) ! Comment ? Vous n’êtes pas prête à dépenser 530€ pour un sac en forme de pomme et 40€ pour une coque d’iPhone avec de grosses lèvres rouges et roses imprimées dessus ? Et que dire des chaussures à 1000€ et des brouettes ? Est ce possible ? Vous vous contentez d’une paire de qualité par an à 100€ grand maximum? Pffff, vous n’êtes vraiment pas in comme girl !
Leurs goûts trop “chelous” !
Et sur les pages défilent des femmes ultra au top de la mode et des tendances trop de ouf, et qui me paraissent… juste immettables. Me balader en combinaison qu’on croirait tout droit sortie d’un film de science fiction ? Assembler un haut graphique avec un bas zébré ? Me peindre les sourcils en doré, et me dessiner des espèces de moustaches noires ou blanches au-dessus des paupières ? Non merci ! Sans façon, ce sera sans moi ! Je n’ai d’ailleurs jamais vu pareilles créatures se promener dans la rue… Faudrait-il en conclure que la mode ne s’adresserait qu’à un public restreint, une certaine élite qu’on ne trouve que sur les podiums ?
Même ce qu’elles bouffent est inconnu au bataillon !
Et vas-y que je te répare un jus de concombre au p’tit déj’, et que je te concocte des petits plats (végétariens de préférence) avec des épices et des légumes aux noms venus d’ailleurs. Et que je te boive des petits cocktails avec des sirops aux fruits exotiques qu’on doit acheter dans des magasins spécialisés. Non mais, elles ne peuvent pas boire de la bière et bouffer du saucisson comme tout le monde ? Quant à leurs recettes compliquées, j’en resterai à la tarte aux pommes de mamie, désolée !
Et enfin, leurs petits conseils de vie… vraiment à la con !
Du genre, quel est votre premier geste beauté du matin ? Deux réponses, au choix. D’abord : s’appliquer du rouge à lèvres, et ensuite se brosser les dents, youhou ! Ou encore : me mettre une cigarette à la bouche, mais sans l’allumer… Original non ?
Marie Vermande