De quoi les primaires présidentielles sont-elles le nom ? Tribune de Raoul Fougax

8 février 2014 | France, Médias, Politique

C’est une mise en spectacle médiatique de la partitocratie.

Henri Guaino affirme que Nicolas Sarkozy (photo) s’il revient ne doit pas passer par des primaires. Il a raison. Un ancien président peut difficilement  repartir d’une base partisane alors qu’il s’adresse à tous les français qu’il a un temps représenté.

Mais au-delà de ce cas particulier, il faut bien voir que les primaires sont un moyen pour les partis de revenir sur le devant de la scène politique hors du cadre parlementaire. C’est une démarche encouragée par les médias, car c’est un spectacle et un show de politique réalité. Exhibitionnisme et voyeurisme sont, une fois de plus, les mamelles médiatiques.

Avec les primaires, on change sans le dire de constitution. Voila la 6ème république. En effet le général de Gaulle a voulu mettre un terme à la république des partis qui avait été incapable de gouverner la France. L’élection du président au suffrage universel, que personne ne remet plus en cause, est dans l’esprit de nos institutions. Un homme se présente à tous les français, appuyé bien sûr par une machine politique. Mais si le parti soutient le candidat, le parti ne le féconde pas. Un candidat choisi par un parti, c’est le retour indirect à la partitocratie et le président est élu d’abord par une faction avant de se présenter au suffrage de tous les français. Nicolas Sarkozy et ses amis ont donc raison de s’opposer à cette démarche.

Mais si Sarkozy revient, pourra-t-il s’en passer, pourra-t-il s’imposer sans le parti ? Ceux qui ne veulent pas de son retour jouent les primaires pour être modernes. En fait, il s’agit d’une opération pour contrer Nicolas Sarkozy en lui opposant sans doute au finish Alain Juppé. Que le parti se réclamant encore parfois du général de Gaulle s’aligne sur la partitocratie médiatique du PS montre bien la dérive médiacratique de notre république. Les primaires deviennent un moment fort de la politique spectacle.

A gauche la primaire est faite pour mettre le futur président comme redevable au parti, à droite pour imposer un autre candidat que Sarkozy. Les primaires sont amusantes, mais contraires indiscutablement à l’esprit de nos institutions. Cela étant, on a le droit de s’en foutre.

Raoul Fougax

Source : Metamag.

Crédit photo : World Economic Forum, via Flickr, (cc).

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