Bientôt votre maison directement connectée avec la NSA ? – par Fabrice Robert

24 janvier 2014 | Politique, Sciences/Techno

24/01/2014 – 18h00
PARIS (via Boulevard Voltaire) –
Cela fait déjà bien longtemps que Google ne se contente plus d’être un simple moteur de recherche. Investissant dans les domaines les plus variés (le secteur mobile — avec Android —, la publicité, la culture, etc.), le géant de Mountain View vient peut-être — guidé par sa volonté hégémonique — de franchir une nouvelle étape avec l’acquisition de la société Nest. Peu connue, cette entreprise a créé des alarmes anti-incendie et des thermostats connectés à Internet. Il est ainsi possible de régler la température de sa maison à distance via son smartphone. Mais ces objets connectés sont aussi capables d’acquérir une connaissance assez précise de la vie du foyer grâce à des capteurs qui étudient les habitudes des utilisateurs pour mieux optimiser la consommation énergétique.

En choisissant d’investir dans la « maison connectée », Google se donne donc les moyens d’accéder à une mine d’informations sur les comportements des utilisateurs de Nest. Ce qui n’est pas sans soulever certaines inquiétudes si l’on se place sur le terrain de la protection des données personnelles. Car, après avoir réussi à capter une partie non négligeable d’informations sur les internautes à des fins publicitaires, Google pourrait aller encore plus loin en faisant de même avec les données collectées par les objets communicants. Quand on sait que la technologie créée par Nest permet, par exemple, de connaître avec précision dans quelle pièce se trouve chaque personne, Google pourrait donc très bien un jour savoir si vous êtes à la maison, dans quel endroit précis puis être informé quand vous sortez de chez vous… Sam Biddle, un journaliste américain, va même jusqu’à écrire : « Si votre maison est en feu, vous aurez désormais des annonces Google dans Gmail pour des extincteurs. »

Ce n’est pas de la science-fiction et, au-delà du rachat de Nest par Google, se pose la question plus globale de l’explosion à venir du marché des objets connectés. La CNIL a beau vouloir sensibiliser les fabricants de matériel aux enjeux de la protection des données personnelles, il n’est pas certain que cette revendication soit vraiment entendue.

Dans un monde où le citoyen est de plus en plus surveillé et pisté, on peut légitimement se demander si l’objectif de certains n’est pas finalement de transformer l’être humain en simple « objet » connecté. Un objet programmé pour envoyer, en permanence, des informations aussi bien aux autorités étatiques qu’à certaines multinationales qui sauront — chacune de leur côté — en faire bon usage. Répression et marchandisation apparaissent ainsi comme les deux mamelles d’un monde acceptant de se soumettre à la loi de Big Brother.

Pour Jérémie Zimmermann, porte-parole de la Quadrature du Net, « Google cherche à aller toujours plus loin dans la vie des gens. Cette entreprise veut savoir tout le temps tout sur tout le monde. Cette acquisition s’inscrit donc complètement dans la logique de ce modèle économique. Un jour, Google nous vendra des implants pour le cerveau, pour avoir encore davantage d’informations. »

Nous n’en sommes pas encore là. Mais, quelques mois à peine après les révélations d’Edward Snowden sur le programme PRISM, nous pouvons logiquement émettre de nouvelles craintes pour nos libertés individuelles.

Les géants du Web — dont Google — ont bien collaboré avec la NSA en permettant à l’agence américaine d’accéder à leurs serveurs. Avec le développement du marché des objets connectés, certains pourraient bientôt avoir le privilège d’avoir leur maison directement connectée avec la NSA !

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