Exclusivité : extrait de « Pour une critique positive »

3 décembre 2013 | Culture, Médias

03/12/2013 – 09h00
PARIS (NOVOpress) –
Les éditions IDées viennent de rééditer Pour une critique positive, initialement publié en 1962. Rédigé en détention par un jeune militant patriote (les prisons de la République hébergeaient alors de nombreuses personnes coupables d’avoir participé à la défense des Français d’Algérie), ce texte est un exercice d’autocritique sans comparaison « à droite ». S’efforçant de tirer les enseignements des échecs de son action, l’auteur propose une véritable théorie de l’action révolutionnaire. Pour une critique positive a été une influence stratégique majeure pour de très nombreux militants, des activistes estudiantins des années 70 aux identitaires. Pour une critique positive a été publié sous anonymat, comme c’est souvent le cas pour ce type de textes d’orientation, mais il est aujourd’hui communément admis que Dominique Venner en fut l’auteur. C’était avant qu’il quitte le terrain de l’action politique pour se consacrer à l’histoire. Novopress en publie en exclusivité l’avant propos et un court extrait. Pour une critique positive, 73 pages, 5 €. Acheter Pour une critique positive sur Amazon.

Avant-propos

Comme une odeur d’orage

Le texte que vous allez lire est précédé d’un fort bruit d’orage, il sent la poudre des canons à peine refroidis. Il exhale le parfum de la révolution. Un mot que l’auteur utilise à de nombreuses reprises, en le replaçant dans une réalité politique et populaire pour mieux le confisquer aux adeptes du verbiage, des poses et des outrances. Car ce livre est sérieux, très sérieux. Son but premier est sans doute de rappeler au lecteur que « la révolution n’est pas un dîner de gala » selon la célèbre formule de Mao. Et ainsi de tenir à distance les zozos qui confondent minorité agissante et marginalité avilissante.

Le propos est rude, sans appel. La discipline, la fermeté, qu’il entend posée comme première pierre de l’organisation révolutionnaire s’inscrit dans une tradition que l’on pourrait qualifiée de spartiate ou de prussienne. Il faut dire que sa plume est trempée dans l’encrier de l’expérience vécue. Écrit en prison (les geôles de la République virent passer un important contingent de prisonniers patriotes embastillés pour participation aux activités de l’Organisation Armée Secrète – la fameuse O.A.S. – dans les années 60) et publié en 1962 au lendemain de la guerre d’Algérie, Pour une critique positive se veut l’analyse et la réponse à l’échec du combat pour l’Algérie française. Qu’est-ce qui a fait défaut aux partisans alors engagés dans une véritable lutte insurrectionnelle ? Une organisation et une doctrine pour cimenter celle-ci. Le propre de la structure révolutionnaire est d’être prête à sauter sur l’occasion historique lorsque celle-ci se présente. Or, pour l’auteur, occasion il y a eu mais c’est l’appareil révolutionnaire qui a fait défaut. Des jeunes idéalistes fougueux plus ou moins cornaqués par des politicards ou des comploteurs tordus, cela ne fait pas une révolution ! Le jugement est sans appel dans le petit paragraphe intitulé « Zéro plus zéro » où l’on peut notamment lire « Les quelques éléments de valeur sont paralysés par les farfelus qui les entourent. » Là encore, c’est l’expérience qui parle et quiconque a milité ou milite sait ô combien la sentence est exacte.

Pour une critique positive se veut en quelque sorte un écho au Que faire ? de Lénine. C’est en fait à un léninisme « vu de droite » que l’auteur nous convie. D’ailleurs, Lénine n’est pas le seul à être convoqué puisque Marx ou Gramsci (déjà) ont aussi apporté leur contribution – ils en auraient certainement été ravis ! – à l’analyse. Déconnectée des aspects idéologiques, c’est leur méthodologie qui vient nourrir la réflexion.

Pour une critique positive est un exercice d’autocritique conséquent, sans réelle comparaison au sein des droites révolutionnaires ou l’attitude oscille en général entre l’autosatisfaction (adversaire absolu !) ou le désespoir nihiliste (ennemi fatal !). Deux comportements dont un révolutionnaire devrait se tenir définitivement éloigné. Comme son titre l’indique, le texte ne se veut pas non plus une condamnation du haut d’un Olympe du révolutionnaire parfait. La critique se veut POSITIVE, dans le but de faire progresser le combat (et les combattants). L’auteur ne se pose pas en donneur de leçons, car les erreurs qu’il dénonce ce sont aussi les siennes.

Dépassant le simple cadre stratégique ou tactique (ce qui reste tout de même l’apport essentiel du texte), Pour une critique positive trace aussi des pistes idéologiques fondamentales dont l’exploration sera poursuivie ensuite par plusieurs auteurs : le primat du politique sur l’économique, l’appel à la transcendance et à des valeurs spirituelles supérieures face au matérialisme, l’espérance d’une Europe unifiée dans le respect des identités locales et nationales, le rejet du libéralisme tout autant que du marxisme en rupture avec les dérives liées à un anticommunisme béat prévalant alors souvent.

Pour une critique positive a été une base d’inspiration pour de nombreux activistes estudiantins des années 70, puis pour les expériences militantes nationalistes-révolutionnaires ou tercéristes ou encore des initiatives plus intellectuelles comme Europe-Action, le GRECE, ou une partie du Club de l’Horloge. Le texte a en réalité irrigué, directement ou indirectement (à travers les leçons qu’en ont tiré et transmis à leur tour d’autres) ; une très large partie des droites révolutionnaires françaises et européennes.

Et bien entendu – s’il s’agit évidemment d’un document historique précieux, ce n’est pas uniquement pour cela que les éditions IDées le publient aujourd’hui – il a été une lecture importante pour de nombreuses personnes impliquées dans l’émergence du mouvement identitaire en 2002. La « révolution culturelle » que nous avons alors voulu insuffler tenait d’une logique tout à fait similaire, et reprenait nombre de constats déjà livrés dans Pour une critique positive. Que cela soit au sein de partis de la droite nationale ou d’organisations de la droite radicale, nous avions aussi connu des échecs ou des déconvenues (et même parfois des événements assez durs) qui nous conduisaient à cette volonté de remise en cause et d’aggiornamento. C’est aussi dans un premier élan sur la méthode, la façon, l’état d’esprit même, que nous voulions agir. Notamment en en finissant avec la mentalité mortifère du « dernier carré » déjà dénoncée dans Pour une critique positive. A la suite de son auteur, nous réaffirmions aussi la différence entre radicalité et provocation.

Les références ou le vocabulaire employés dans le texte pourront parfois surprendre, ou choquer. Nous avons souhaité conserver l’œuvre originale dans son intégralité, y compris ses aspérités. Il arrive que les mots soient durs, comme l’époque et les épreuves traversées l’étaient. Mais l’auteur est surtout dur envers lui-même, envers les faiblesses inhérentes à toute entreprise humaine dont il n’est parvenu à se détacher dans son action. Dans notre monde et notre époque qui cultivent l’égalitarisme comme masque de la médiocrité, Pour une critique positive nous inflige quelques électrochocs salvateurs et revigorants. Car évidemment, en creux, c’est à notre engagement et nos errements que le texte nous renvoie. A 50 ans de distance, il reste un miroir terriblement efficace.

Certains termes réclament aussi d’être replacés dans le contexte politique, intellectuel et idéologique de 1962. Si nous avons rompu avec le concept d’Occident – désormais synonyme d’un espace américano-centré et non plus euro-centré – et nous ne nous définissons pas (ou plus pour certains d’entre nous) comme « nationalistes », le lecteur pourra sans difficultés comprendre les réalités que recouvraient alors pour l’auteur ces mots.

Nous parlons depuis le début d’un « auteur » que nous ne nommons pas car ce livre a été publié sous anonymat. C’est une formule souvent usitée pour ce type de textes d’orientation, afin de les détacher d’une personne définie. Dans la logique révolutionnaire dont celui-ci se veut porteur, cela n’a de surcroît rien d’étonnant. Plus récemment on peut penser au « Comité Invisible » ayant signé le très puissant brûlot écolo-libertaire L’insurrection qui vient (sans aucun doute l’un des textes politiques les plus percutants des dernières années), ou encore plus près de nous – dans le temps comme le propos – au manifeste Pour un printemps français ! publié sur internet par un énigmatique « Comité du 24 mars » en marge de la mobilisation contre la loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe.

Pour autant, Dominique Venner est communément considéré comme le rédacteur de Pour une critique positive. Car avant d’être un « historien méditatif » comme il se définissait lui-même, Dominique Venner fut un activiste impétueux. Un engagement qu’il a magnifiquement raconté dans son livre-témoignage Le cœur rebelle. S’il ne l’a jamais revendiqué publiquement, il n’a jamais nié non plus (et encore moins renié) la paternité du texte que vous vous apprêtez à lire. La lucidité, la finesse d’analyse, mais aussi la foi indomptable dans le réveil des Européens qu’il a témoignées jusque dans son dernier geste semblent presque faire office de signature a posteriori.

« S’agiter, ce n’est pas agir. » disait Maurice Barrès. Au temps des réseaux sociaux et de la médiatisation de la moindre petite action – bonne ou mauvaise – et alors que chacun peut s’improviser conférencier ou spécialiste en se faisant filmer par sa mère, il semble indispensable de se rappeler cet adage. C’est pourquoi les leçons qui émaillent ce recueil sont aujourd’hui tout autant d’actualité qu’elles l’étaient au moment de sa rédaction en 1962. Si ce n’est davantage.

Le militant doit être attentif aux vertus qui apparaissent essentielles à cet embastillé : la discipline, l’organisation et la formation de cadres compétents sont les clés du succès. Peut-être pourrait-on rajouter l’audace et le courage, mais cela tant l’auteur anonyme – dont on sait au moins qu’il ne s’est pas retrouvé en prison pour un vol de bonbons ! – que l’auteur présumé l’ont prouvé en actes.

Jean-David Cattin
Philippe Vardon-Raybaud

Extrait

(…) La variété des activités de l’Organisation, la diversité des milieux qu’elle doit pénétrer, le caractère à la fois apparent et non apparent de la lutte, imposent une division du travail qui doit aller, dans certains cas, jusqu’au cloisonnement. Ce fractionnement par branches d’activités confiées à des responsables éprouvés s’accompagne logiquement d’un commandement unique et centralisé au sommet.
À l’intérieur de chaque branche d’activité, la division du travail et la spécialisation des membres doivent être également pratiquées. Les organisations locales doivent pouvoir se consacrer avec le maximum d’efficacité à l’action, la centralisation et la spécialisation des tâches doivent leur en donner la possibilité. Pour prendre un exemple, celui de la propagande, capable de fournir rapidement un matériel adapté aux groupes locaux, que les initiatives artisanales impuissantes à lutter contre la propagande adverse.

Par ses militants, L’Organisation doit être présente partout, y compris chez l’adversaire. La présence de militants dans certains rouages économiques ou administratifs peut être d’une utilité infiniment supérieure à leur participation comme simples manœuvres aux activités d’un groupe d’action. La lutte n’est pas une dans ses formes. C’est pourquoi la division du travail doit être également appliquée à l’échelon des organisations locales. Les membres doivent être des éléments actifs du travail commun, responsables de tâches précises et non de simples exécutants. A cette condition, des militants efficaces, des organisateurs, des cadres se formeront. (…)

Pour une critique positive, 73 pages, 5 €. Acheter Pour une critique positive sur Amazon.

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