Le nouveau numéro de Faits & Documents du 15 au 30 novembre 2013 vient de paraître, avec (entre autres) un portrait de Jean-Vincent Placé, sénateur de l’Essone. Extrait.
Le 25 septembre 2013, Noël Mamère annonçait dans Le Monde son intention de quitter Europe Écologie Les Verts, dénonçant « la firme » formée par Cécile Duflot, Jean-Vincent Placé et leurs amis : « Notre parti ne produit plus rien : il est prisonnier de ses calculs et de ses clans. Nous sommes devenus un syndicat d’élus. » Cette transformation est l’œuvre d’un homme, Jean-Vincent Placé. Formé par Michel Crépeau aux habiletés terriennes rad-soc, ce pur apparatchik franc-maçon, qui n’a jamais travaillé, est surnommé « le Sarko écolo ». Il aura mis sur la touche toute la vieille garde verte et placé ses hommes (et surtout ses femmes) dans le parti. Ce « vert qui mange sa viande bleue » est un ambitieux qui se voit ministre de l’Intérieur ou du Budget. En toute modestie, il déclare : « Je suis un des hommes les plus influents de la république » (Le Canard Enchaîné du 6 novembre 2013).
« Pas la peine de parler aux gens de dérèglement climatique… J’ai une bonne connaissance de la géographie, du sport et de la gastronomie, ça passe toujours. C’est mon côté chiraquien ! » (Le Point du 31 octobre 2013).
« Je l’ai connu du temps où j’étais un chef socialiste et où il me léchait en vain les pieds pour un siège aux cantonales en Essonne dans une ville qu’il n’habitait pas » (Jean-Luc Mélenchon, rapporté par Le Nouvel observateur du 17 décembre 2009).
« Jean-Vincent Placé, c’est l’homme en costume cravate des verts. Un ovni dans le parti écolo. Il aime le pouvoir, les belles femmes et les cigares. Il roule parfois vite et se gare souvent mal. Il dîne aux meilleures tables du 7e arrondissement de Paris, on lui sert du « monsieur le président ». Il copine avec Roger Karoutchi (UMP), Jean-Paul Huchon (PS), Bernard Lehideux (MoDem), François Sauvadet (Nouveau Centre), ou encore… Pierre Charon, le conseiller de Sarközy. D’aucuns le décrivent comme un apparatchik, un cynique un opportuniste sans conviction spécialiste des coups tordus » (Le Point du 15 juillet 2010).
« Quand n’importe quel jeune loup de son âge rêve de l’Assemblée nationale, le numéro 2 d’Europe Écologie – Les Verts (EELV) préfère aller croûter sous les ors du palais du Luxembourg, où l’on n’est pas élu directement par les citoyens, mais à la grâce des tractations » (Mégalopolis du 15 juillet 2011)
Jean-Vincent Placé est, à l’état civil, né le 12 mars 1968 à Séoul (Corée du Sud) même s’il précisera au Figaro du 13 août 2010 que cette date est incertaine. D’abord élevé par des sœurs protestantes hollandaises, il sera adopté sous forme plénière à l’âge de sept ans par une famille normande avant d’être naturalisé en 1977. Dans cette famille française de cinq enfants, le père est avocat et la mère institutrice. S’il a souvent été dit que cette famille était « très à droite et très chrétienne », il semble que la réalité soit à nuancer. En effet, son frère Hervé Placé, avocat d’affaires à Caen, expliquait à Mégalopolis du 15 septembre 2011, à propos de ses géniteurs que « Lui [est] plutôt de droite, elle plutôt de gauche ».
Il aura fait tout son cursus scolaire à Caen, au collège Villey Desmeserets, puis au Lycée Augustin Fresnel d’où il sortira bachelier (1987). Il obtiendra une maîtrise d’économie à l’université de Caen où il militera à l’UNEF-ID tout en fréquentant le PS Caennais. Entré très jeune en maçonnerie, au Grand Orient de France, il adhère aux radicaux de gauche en 1992. Michel Crépeau (lui-même franc-maçon, membre de la Commission trilatérale, député de Charente-Maritime et maire de La Rochelle et président du groupe Radical-citoyen-vert) le prend sous son aile et en fait son assistant parlementaire (1995-1999). « Le chinois de Crépeau » doit tout à ce « deuxième père » (Le Point, 15 juillet 2010) qui lui apprendra tous les rouages du métier : « Tu sonnes, tu fais parler le mec de lui, tu lui répètes trois fois ton nom et le jour du vote. C’est tout (Le Point, 31 octobre 2013). » Parallèlement, présent sur la liste PRG menée par Louis Mexandeau, Jean-Vincent Placé se retrouve conseiller municipal d’opposition à Caen (1995-2001). Après la mort de Michel Crépeau (1999), Placé s’installe à Paris et adhère aux Verts (2001). « Il aurait pu entrer au PS, mais pour lui, mieux vaut être un aigle chez les petits qu’un moineau chez les grands (Le Point, 15 juillet 2010). »
Alors que Placé n’a aucun antécédent écologique, Jean-Luc Bennahmias, alors secrétaire national des (…)
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