11/11/2013 – 08h30
GENÈVE (NOVOpress) – Le Point a publié samedi un article anxiogène sur les élections genevoises au Conseil d’État qui fait passer l’Aube dorée pour un parti progressiste en comparaison du méphistophélique Mouvement Citoyen Genevois. Si, pendant la campagne électorale, le MCG a usé d’une rhétorique outrancière empruntant au champ lexical animalier ou entomologique pour parler des frontaliers, il faut davantage mettre en cause la maladresse et l’amateurisme qu’une éventuelle idéologie raciste ou xénophobe. En effet, le numéro un du parti, le turbulent tribun Éric Stauffer, est marié avec une ressortissante de l’Île Maurice pays dans lequel il a été mêlé à quelque scandale comme le rappelle Le Point. Le numéro deux, Mauro Poggia, est pour sa part converti à l’islam. Il est donc depuis hier soir le premier Conseiller d’État musulman du canton de Genève.
Précédemment démocrate-chrétien, M. Poggia a également tenté d’être élu au Sénat italien lors des élections en 2008 durant lesquelles son parti a été soupçonné de fraude. Hésitant sur son appartenance politique tout comme sur le pays dans lequel il souhaite se présenter, Mauro Poggia l’est beaucoup moins quand il s’agit de défendre ses convictions religieuses, allant même jusqu’à dire que les Suisses doivent s’adapter aux étrangers dans un débat sur l’interdiction des minarets. Mauro Poggia, qui se prétend un soufi modéré, a pesé de tout son poids pour que son parti se prononce à l’encontre de l’initiative anti-minarets de 2009, que son électorat a pourtant fortement soutenu.
À cette occasion, Éric Stauffer a cédé, se rendant compte qu’il ne pouvait rien refuser à Poggia, seul politicien d’envergure à avoir rejoint le MCG. Une ligne politique à l’origine populiste à la droite de l’UDC au moment de la fondation du parti par Georges Letellier, binational et sympathisant FN, s’est ainsi peu à peu transformée en une sorte de Mouvement 5 Étoiles anti-frontaliers sous la pression de Mauro Poggia.
Dans une entreprise de normalisation, il a inventé le concept de résident genevois pour mieux s’opposer aux frontaliers seuls. Terme repris régulièrement dans la communication du parti, bien que recouvrant une réalité bien différente du Citoyen qualifiant désormais paradoxalement le Mouvement Genevois. D’ailleurs, si le MCG s’attaque de temps à autres au trafic de drogue pratiqué par des Africains de l’ouest et des Albanais, ses attaques contre l’immigration massive restent très timides et jamais elles ne reposent sur des considérations identitaires.
Avocat, Mauro Poggia s’est fait une réputation en défendant les petites gens, notamment les assurés des caisses-maladies, il est aussi un homme de réseaux qui a fourni au MCG des dossiers qui lui ont permis de faire éclater parmi les plus retentissants scandales genevois de ces dernières années.
Pourtant, ce défenseur de la veuve et l’orphelin est beaucoup moins regardant lorsqu’il s’agit de ses proches. L’an dernier, La Tribune de Genève révélait que M. Poggia avait défendu son épouse dans une affaire de spéculation immobilière. Cette dernière se servait de sa famille nombreuse venant de Tunisie pour justifier des ruptures de baux parfois vieux de plusieurs décennies expulsant ainsi des locataires pour ensuite sous-louer à prix d’or les logements libérés à des multinationales, concourant ainsi à une crise immobilière importante qui frappe durement les citoyens genevois depuis plusieurs années.
C’est sans doute à l’épreuve d’un mandat dans l’exécutif que cet aspect du parti et de son désormais exposé représentant sera connu de tout l’électorat genevois. Durant l’entre-deux-tours, tentant un lissage de son image, M. Poggia a présenté ses excuses aux frontaliers, recevant de ce fait une volée de bois vert de la part du grand patron. C’était sans doute le premier épisode d’une future cohabitation qui s’annonce mouvementée entre un parti d’opposition et son unique élu dans un gouvernement comptant quatre membres de la droite bourgeoise et deux de la gauche, dont aucun n’est sensible aux thèses du MCG et surtout aux attentes de ses nombreux électeurs.
Crédit photo : source Parlement suisse