France : mariages et… dissolution, par Raoul Fougax

7 novembre 2013 | Politique

Dissolution, l’hypothèse est reprise de Minute à Marianne et agite le petit monde des commentateurs politiques. Elle a été évoquée ici en premieril y a déjà plusieurs mois. C’est une confirmation de notre méthode critique. On n’a pas besoin de dormir devant l’Elysée et de cultiver un journalisme de connivence pour devancer certains événements. Il suffit de peser objectivement le pour et le contre des possibilités.

Il faut dire que le président n’a pas beaucoup de possibilités. La meilleure, la plus simple, c’est la dissolution de l’assemblée nationale (photo en Une) et l’organisation de nouvelles élections législatives. Cela entraînerait normalement une large victoire de la droite. Celle-ci serait appelée a Matignon par le président et se « cramerait » en deux ans, le temps pour François Hollande de se refaire à la « Mitterrand » une nouvelle santé présidentielle.

Cela pourrait intervenir tout de suite après les municipales mais même avant. En effet le pouvoir est pat comme on dit aux échecs, il ne peut plus bouger, il ne peut plus rien faire. De bavures en reculades le pouvoir n’a plus de marge de manœuvre.

Tout le monde est tenté d’en profiter

L’UMP n’y arrive pas car le parti est en situation de dissolution du mariage entre sa branche droite et son corps mou, entre orléanistes et bonapartistes. Le Fn qui a le vent en poupe demande la dissolution, mais en fait le président ne peut donner l’impression de céder à une demande politique du FN. Cette pression de Marine Le Pen pourrait retarder les choses et même pousser à l’autre hypothèse un remaniement majeur du gouvernement.

Le mariage pour tous connait donc des limites entre Hollande et les français, Hollande et sa compagne, Hollande et la gauche, Hollande et les bretons. Mariage pour tous sauf pour le président dont plus personne ne veut…. En tout cas pour le moment et politiquement.

Le mariage pour tous d’actualité au centre

France : mariages et… dissolution, par Raoul FougaxL’Union des démocrates et indépendants (Udi) de Jean-Louis Borloo et le Mouvement démocrate (MoDem) de François Bayrou (photo ci-contre) veulent faire renaître un pôle de centre droit à l’issue de plusieurs années de brouille. Le centre réunifié compte tirer son épingle du jeu entre un Parti socialiste confronté à la dure réalité économique et une Ump divisée entre ses chefs et parfois accusée de chasser sur les terres du Front national. Ce partenariat est le résultat d’un rapprochement engagé l’été dernier entre François Bayrou et Jean-Louis Borloo, qui ont dû faire des concessions mutuelles. Mais le centre n’est pas un espace tranquille stable et immobile.

France : mariages et… dissolution, par Raoul FougaxEn 2002, une partie de l’Udf, dont Jean-Louis Borloo (photo ci-contre), a rejoint l’Ump créée par Jacques Chirac et Alain Juppé. En 2007, les trois quarts des troupes de l’Udf ont rejoint l’Ump de Nicolas Sarkozy et ont créé le Nouveau Centre (Nc). En septembre 2012, Jean-Louis Borloo, membre du Parti radical, une composante de l’Udf puis de l’Ump, a quitté cette dernière pour créer l’Union des démocrates et des indépendants (Udi). Le regroupement du centre irrite l’Ump, qui n’a pas pardonné à François Bayrou d’avoir refusé de soutenir Nicolas Sarkozy en 2012 mais aussi en 2007, et voit une concurrence nouvelle émerger sur le centre de l’échiquier politique.

Cela étant, qui au centre du centre ? Deux noyaux pour un seul centre c’est beaucoup et, après ce mariage, on aura droit, dans un certain temps, à une dissolution. Car le problème des mariages modernes c’est qu’ils sont peut-être pour tous mais pas pour très longtemps.

Raoul Fougax

Source : Metamag.

Crédit photos de haut en bas : Richard Ying et Tangui Morlier, Jackolan1, Claude Truong-Ngoc. Via Wikipédia, (cc).

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