24/07/2013 – 09h30
PARIS (NOVOpress) – Les éditions Idées viennent de sortir un ouvrage collectif consacré au localisme et à la relocalisation des activités : “Anti-mondial Pro-local”. Y ont contribué Philippe Vardon, Jean-David Cattin, Alban Ferrari et Julien Langella. Comme stipulé sur la page de présentation du livre sur le site des éditions Idées : « Si le mondialisme, idéologie à laquelle tous nos gouvernants de droite comme de gauche ont fait allégeance, ne connaît que la poursuite du profit maximal, le localisme renoue avec les notions d’enracinement et d’équilibre. Les textes rassemblés dans ce recueil évoquent la logique localiste sous l’angle économique, écologique, culturel, et démocratique. » Novopress vous propose comme bonnes feuilles l’introduction rédigée par Arnaud Naudin, le rédacteur en chef de NOVOpress.
ANTImondialistes, pas alter…
Seattle 1999, Millau 2000. Des lieux et des dates qui ont marqué, voici plus d’une décennie, le mouvement anti-globalisation. Du refus de l’OMC au soutien aux « démonteurs » du McDo’, mille banderoles, mille drapeaux, mille slogans fleurissaient contre ce nouvel ordre mondial qui se bâtissait sous la domination du capitalisme financier sans frontières. Les moustaches de José Bové s’affichaient proclamant que le monde n’est pas une marchandise, à l’image de ce visuel situationniste qui affirmait, lui, que l’on n’est pas amoureux d’un taux de croissance. Porto Alegre (Brésil) symbolisait ces forums sociaux mondiaux où l’on devisait du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes contre le rouleau compresseur de cette fameuse globalisation.
Et pourtant… Et pourtant, ce vaste mouvement dit antimondialisation va vite se transformer en mouvement altermondialiste. Un autre mondialisme donc, se voulant une sorte d’internationalisme bon enfant où toute forme d’affirmation identitaire au sein du combat contre la globalisation serait non seulement mal vue mais surtout combattue. Un internationalisme qui semble proclamer que seuls les peuples du Sud bénéficient de ce fameux droit à disposer d’eux-mêmes, et encore davantage à demeurer eux-mêmes (selon la fameuse formule identitaire). Les pays du Nord, accusés de tous les maux ad vitam æternam, devant semble-t-il devenir à terme les colonies de leurs anciennes colonies. Pour expier encore et encore sans doute. Un ethnomasochisme et une xénophilie pathologiques que l’on retrouve depuis une décennie parmi les acteurs de l’altermondialisme, y compris au sein des petits juges sectaires de la décroissance. Ceux-là traquant tels de petits flics de la pensée toute allusion à l’identité, toute corrélation entre écologie, décroissance et appartenance ethnopolitique…
Malheureusement pour ces thuriféraires d’un altermondialisme soutenable, aux bons sentiments dignes des Bisounours, il n’est pas possible de dissocier décroissance, souveraineté alimentaire, ou relocalisation des activités industrielles de la question identitaire. En effet, promouvoir ces trois principes revient à défendre la diversité, mais surtout le terroir, l’enracinement, et donc à un moment ou un autre le substrat ethnoculturel propre à chaque civilisation. D’une part, parce que le commerce véritablement équitable est celui qui s’exerce avec le plus proche, et ce dans une optique de durabilité de l’activité économique, mais aussi et surtout par souci de justice sociale. D’autre part, parce que l’on est certain dans ce cadre de (re)trouver les activités économiques les plus en harmonie avec un espace donné.
Il importe également de comprendre que la question du localisme n’est pas une question économique stricto sensu. C’est d’abord et avant tout une question politique, d’autant plus pour nous qui considérons que le politique doit primer sur l’économie. Certes, ces deux sphères ont leur autonomie, mais plus que jamais nous devons proclamer politique d’abord !
Politique, ce livre l’est assurément.
Tout d’abord parce qu’il se place au coeur d’une thématique importante voire primordiale, seule à même d’apporter réponses et solutions à la crise systémique que nous subissons (oui, c’est bien d’une crise systémique qu’il s’agit et non pas seulement d’une crise économique…). Pirates politiques tout autant qu’éveilleurs de peuples, les Identitaires ont même étonné par l’intérêt qu’ils ont témoigné à la candidature d’Arnaud Montebourg dans le cadre des primaires socialistes. C’était une époque où le Ministre du redressement productif se voulait le chantre de la démondialisation.
Surtout, ce livre est politique parce qu’il place les partisans de l’altermondialisme face à leurs contradictions en arrimant la relocalisation des activités à la relocalisation des êtres. Pour le dire autrement, en affirmant clairement le lien entre localisme et identité.
Décroissance, écologie, culture, enracinement, démocratie directe. Autant de thèmes, d’entrées, de voies pour avoir une approche – certes synthétique mais donc claire – de notre combat ANTImondialiste. Autant de signatures aussi, témoignant que les Identitaires sont des « intellectuels organiques », soucieux de penser le monde afin d’agir pour notre peuple là où il est et tel qu’il est, loin d’un peuple factice fantasmé et désincarné. Somme toute, il s’agit de faire rimer identitaire et populaire…
Par cet ouvrage, les Identitaires se fraient un chemin dans les brèches ouvertes par les nouveaux paradigmes politiques et sociaux de ce siècle. Un chemin qui les ancre un peu plus au coeur de la réalité, du monde tel qu’il est et des questions primordiales. Bien loin des usines à fantasmes des uns et des ghettos certes douillets mais surtout incapacitants des autres.
L’aventure est au bout de la rue, vous venez ?
Arnaud Naudin