Ci-dessus : manifestation en faveur d’Edward Snowden à Berlin.
Pour la France de 2013, quand un homme fait une croix sur son petit confort personnel et tout ce qui a fait sa vie afin d’alerter la population mondiale de son flicage permanent par la NSA (l’agence nationale de sécurité américaine), on le remercie en lui refusant le droit d’asile… Pas facile de nos jours d’être un lanceur d’alerte comme Edward Snowden, l’ancien administrateur système pour la CIA à qui l’on doit d’avoir sonner le tocsin médiatique.
Dans le Guardian du 6 juin 2013, Snowden explique que le système informatique PRISM cible les communications de tout le monde, “les ingère toutes par défaut…les collecte, les filtre puis les analyse…les stocke.” Il parle d’“architecture d’oppression” et ajoute que ce système permet de faire “considérer comme suspect un innocent et en faire un parfait malfaiteur”…
La Russie avait exigé de Snowden qu’il renonce à ses activités “visant à faire du tort aux USA” en échange de l’asile. Toujours adepte de la diplomatie de très haute volée ces russes… On ne peut pas y voir comme chez nous un acte de soumission aux américains. En maître de la résistance à l’empire des USA, Poutine est insoupçonnable et depuis longtemps. Ce serait plutôt un énième signe de stratégie de la guerre froide : se battre militairement, médiatiquement ou culturellement et toujours par combats interposés.
Mais le 5 juillet, enfin une bonne nouvelle pour Snowden: Nicolas Maduro,le nouveau président du Venezuela et fils politique du regretté Hugo Chavez, a déclaré qu’il lui accorderait l’asile et qu’il voulait le “protéger de la persécution de l’empire le plus puissant du monde, qui s’est déchaînée sur lui.”
Même son de cloche du côté nicaraguayen. Enfin des élus qui agissent en homme et qui ne courbent pas l’échine.
Le 5 juillet, c’est aussi la fête de l’indépendance au Venezuela. Magnifique, Maduro a été à bonne école, l’esprit de Chavez semble planer au dessus de lui.
Alors que Snowden s’adresse aux peuples du monde entier afin de soulever un élan populaire d’indignation contre le système PRISM, notre président nous prend encore une fois pour des enfants en jouant l’espionné offusqué tout en interdisant le survol de l’espace aérien français à l’avion du président bolivien pour cause de présence supposée à bord (et à tort) de Snowden…
Immunité diplomatique aux oubliettes, mise en danger du président Morales ainsi que des autres passagers de l’avion qui a du atterrir en urgence à Vienne faute de carburant suite à l’annulation du permis de survol, image d’une France servile, encore une page de notre diplomatie mal écrite.
Notre président sait parfaitement que la prétendue amitié entre nos deux pays n’existe absolument pas. Les américains n’ont jamais eu aucun ami. En matière de diplomatie, il n’y a que des rapports de force, rien d’autre.
Mais ce qu’il y a d’affreux dans cette histoire, c’est moins le degré de servilité atteint que la sensation désagréable d’avoir un président y collaborant sans se poser la moindre question…
Franck Vinrech
Crédit photo : ubiquit23, via Flickr (cc).