Ecosse : le SNP fait-il fausse route ?

15 mars 2013 | Actualité internationale, Europe, Politique

Alex Salmond, Premier ministre écossais (SNP) et Nicola Sturgeon, leader de la campagne YesScotland. Crédit photo : DR

15/03/2013 – 08h00
Édimbourg (NOVOpress Breizh) – C
ertains observateurs commencent à s’inquiéter du tour pris par la campagne du SNP en faveur du « oui » au référendum de 2014 sur l’indépendance écossaise. Deux faux-pas récents révèlent un parti paralysé par la crainte de déplaire et sans réaction devant les progrès fulgurants de l’UKIP.

Le Scottish National Party prépare le référendum de l’an prochain sur l’indépendance écossaise. Il a choisi d’axer son discours en bonne partie sur son opposition aux mesures d’austérité prises par le gouvernement Cameron, en insistant sur les avantages matériels supposés de l’indépendance. Sa campagne low-profile, de tonalité sociale-démocrate, veille à éviter les polémiques.

Cette prudence de ton pourrait commencer à lui nuire. La semaine dernière, l’un de ses conseillers, David Berry ex responsable du SNP dans l’East Lothian (à l’Est d’Édimbourg) a dû démissionner, manifestement « à la demande pressante de ses amis ».

Le crime de M. Berry était un tweet adressé à la campagne en faveur du « non » au référendum, Better Together. Celle-ci montrait différentes personnes disant qu’à leur avis l’Écosse était plus forte au sein du Royaume-Uni. Riposte de David Berry : « Avez-vous le même genre de déclarations venant de femmes battues disant qu’elle n’ont pas besoin de divorcer, ou d’esclaves heureux de travailler sur la plantation ? »

Surtout pas de vagues
Évoquer l’esclavage sur le mode de la plaisanterie est aussi politiquement incorrect au Royaume-Uni qu’en France : exit M. Berry malgré ses plates excuses. Et malgré les avis d’observateurs plus flegmatiques, pour qui il n’y avait pas de quoi fouetter un chat. « Si tous ceux qui commettent des écarts de langage devaient démissionner, nous n’aurions pas eu un Churchill comme Premier ministre pendant la guerre », notait ainsi un correspondant du Scotsman.

Cette péripétie suit de quelques jours seulement un cafouillage à la tête des Young Scots for Independence (YSI). Là encore, le mal est venu d’un tweet enflammé de Kenny Murray, un dirigeant de la branche jeunes du SNP. La campagne YesScotland avait participé à l’organisation d’un « référendum blanc » à l’université de Glasgow. Un désastre : 10 % de participation, 62 % des suffrages contre l’indépendance, 38 % pour. Déjà critique envers les orientations de la campagne, Kenny Murray a lâché : « Des têtes doivent tomber à YesScotland ». Cela lui a valu son exclusion du mouvement, puis sa réintégration en moins de 24 heures devant la vague de protestation soulevée par la nouvelle !

Les progrès de l’UKIP menacent le « oui »
Dans les deux cas, le SNP a réagi de la même manière : l’affaire ne regarde que les intéressés, pour nous la question est close. Cette position à la Ponce Pilate commence à irriter au sein même du parti. Et certains se demandent si le SNP n’est pas en train de mener une campagne du passé. La crise est en train de faire évoluer profondément l’opinion britannique. Lors de l’élection partielle d’Eastleigh (Sud de l’Angleterre), le 28 février, l’United Kingdom Independence Party (UKIP), parti euro-sceptique et anti-immigration, est passé d’un coup de 3,6 % à 27,8 % des suffrages, en dépit (ou peut-être à cause) du scandale provoqué par une déclaration de sa candidate, Diane James, sur la délinquance roumaine.

L’UKIP est manifestement actif en Écosse et pourrait tenir la clé du référendum de 2014. Or il a nettement pris ses distances avec le SNP, dont il critique la position européenne. « Si le SNP parvient à se repositionner d’ici le référendum, nous pouvons recommencer à discuter », avertir Nigel Farage, leader de l’UKIP. « Mais pour l’instant, il patauge et recule sur tous les sujets – de la monnaie à la souveraineté en passant par la révision du traité européen. Sa position est irrationnelle, c’est clair à présent. »

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