Pour le moral des Espagnols : cacher le dopage ?

7 mars 2013 | Sport

07/03/2013 – 08H00
MADRID (NOVOpress) –
Depuis plusieurs semaines, le sport espagnol vit au rythme du procès Puerto. Mais grâce à un vide juridique, les instances sportives ibériques vont encore une fois passer à travers les mailles du filet et la vérité ne sera pas dite sur les étonnants résultats des sportifs espagnols depuis une dizaine d’années.

En effet, au début de « l’affaire Puerto » en 2006, la législation espagnole ne comportait aucun article traitant de la question du dopage. Ce vide incroyable, 8 ans après l’affaire Festina sur le Tour de France, permet à la justice de ne pas interroger le docteur Fuertes, principal accusé, sur ses relations avec d’autres sportifs que ceux déjà impliqués.

Effectivement, il n’est mis en cause que pour « mise en danger de la vie d’autrui » : la seule question est de savoir si les produits dopants qu’il donnait aux sportifs étaient dangereux pour la santé de ces derniers.

Et Fuentes de s’amuser au cours de l’audience : « J’ai eu d’autres sportifs que des cyclistes comme clients : des footballeurs, des tennismen, des boxeurs, etc… », sans que la juge demande qui sont-ils. Ce n’est pas là en effet sa mission, ni son intérêt.

Dans un pays miné par la crise financière, le sport est l’une des dernières échappatoires des Espagnols qui célèbrent avec ferveur leurs héros nationaux, footballeurs, tennismen ou cyclistes et ni journalistes ni juges ne veulent porter la responsabilité d’incriminer le sport.

Seules les agences antidopages s’insurgent contre cette inertie judiciaire, puisque le pouvoir politique a lui aussi décidé de ne rien faire, pour les mêmes raisons que les juges et les journalistes.

Mais elles sont bien seules dans ce combat, les Espagnols préférant soutenir leurs sportifs jusqu’au bout, même sans la moindre transparence en matière de dopage, et sans demander la liste des patients de Fuentes : il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre.

En plus des conséquences négatives sur l’image du sport espagnol et sur la candidature de Madrid au JO de 2020, cette affaire appuie la thèse de la suspension de Rafael Nadal lors de son étrange absence de 6 mois, soutenue par certaines figures internationales du tennis, comme Rochus ou Agassi.

Crédit photo : Alpha du centaure, via Flickr (cc).

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