22/02/2013 – 16h00
CLAMART (NOVOpress Breizh) – Le syndicat SUD (Solidaires, Unitaires Démocratiques) proche des trotskystes du NPA n’a pas digéré que l’unité de soins psychiatrique du nouvel hôpital de Clamart porte le nom de Jean-Louis Vaudoyer (photo). Il « exige » donc que le bâtiment soit immédiatement débaptisé et renommé de façon démocratique ». SUD, ou ”l’alliance de Tartuffe, de Trissotin et de Torquemada” (M. Mourlet).
Qui est cet écrivain qui scandalise autant l’extrême gauche en 2013 ? Poète, essayiste, décédé il y a un demi-siècle et bien oublié aujourd’hui, Vaudoyer avait été élu à l’Académie française en 1950. Mais ce que SUD ne lui pardonne pas c’est d’avoir été administrateur de la Comédie Française pendant l’Occupation. Même si l’on reconnait qu’il assuma cette fonction dans une période difficile avec dignité et efficacité et qu’il ne fût pas inquiété à la Libération, SUD parle d’un « affront » (sic) fait aux malades mentaux.
La polémique enfle, le Nouvel Observateur s’en mêle, les historiens de gauche aussi comme Jean-Pierre Azéma. On découvre – horresco referens – que Vaudoyer aurait dîné une fois avec le Maréchal Pétain ou pris le thé avec l’Amiral Darlan et qu’une troupe de Munich se serait produite à la Comédie Française sous l’Occupation. De quoi alimenter en effet les bûchers de la Sainte Inquisition chargée de veiller au respect de l’historiquement correct.
La direction de l’hôpital déclare pour sa part avoir fait les vérifications d’usage sur la vie de Vaudoyer avant de choisir son nom, en consultant Wikipédia. L’article de quelques lignes était alors bien neutre. Aujourd’hui c’est une des notices les plus fournies du site et presque entièrement à charge.
Le patronyme de l’unité de soins psychiatrique de Clamart est devenu aujourd’hui une affaire d’Etat. L’Académie française, la Comédie française, la Municipalité de Clamart vont devoir plancher sur la question. La direction de l’hôpital précise que si « l’histoire » donne des preuves de faits de collaboration avérés, le nom de l’unité sera changé. Cette affaire Vaudoyer rappelle les procès en sorcellerie par les nouveaux inquisiteurs dont furent victimes le prix Nobel de médecine Alexis Carrel, ou les frères Lumière, inventeurs du cinéma.
Des esprits malintentionnés pourraient faire observer que toutes les belles consciences d’extrême gauche, communistes et antiracistes ne trouvent rien à redire à l’encontre des municipalités qui continuent à baptiser des rues et places du nom d’authentiques staliniens comme Maurice Thorez, Jacques Duclos, Marcel Paul ou Benoit Frachon, sans compter les révolutionnaires français ou étrangers qui ont eu du sang sur les mains. Il est vrai qu’elles continuent toutes à penser comme l’ancien patron du PCF, Robert Hue, qui affirmait benoîtement en 1997 « qu’il est dérisoire et grotesque de réduire le bilan du communisme à une comptabilité macabre. »
Crédit photo : Agence de presse Meurisse, via Wikimedia, domaine public.