Laurence Parisot doit sauver les meubles

18 février 2013 | Économie, France, Politique

18/02/2013 – 16h00 PARIS
(NOVOpress Breizh) –
Les statuts du Medef sont inhumains. En juillet, Laurence Parisot (ci-dessus) devrait abandonner la présidence de l’organisation patronale. C’est du moins ce que prévoient ses statuts ; ils interdisent, en effet, d’occuper cette fonction plus de deux mandats de suite (deux fois quatre ans).

D’où la manœuvre engagée par « Lolo » afin d’obtenir une modification de ces statuts qui lui permettrait de jouer les prolongations. Mais « les sept membres du comité statutaire (…) ne semblent toujours pas s’être mis d’accord sur la réforme qui permettrait à la présidente en poste de rester deux ans de plus » (Le Figaro, 05/02/2013).

De toute manière, les obstacles à surmonter sont nombreux. De puissantes fédérations, comme l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) et la Fédération française du bâtiment, s’y opposent. Trois patrons ont déjà fait acte de candidature pour la présidence. Et, pour couronner le tout, toute modification statutaire a besoin d’être validée par les deux tiers des voix, lors de l’assemblée générale prévue en juillet.

La partie est donc loin d’être gagnée pour Mme Parisot. Même son prédécesseur, le baron Ernest-Antoine Seillière a déclaré qu’ « (il) ne (pouvait) pas encourager l’idée d’une telle prolongation » (Le Figaro, 26/01/2013).

Un des candidats à sa succession, Pierre Gattaz, président du Groupement des fédérations industrielles (GFI) et PDG du groupe Radiall, note que si elle « a fait le job », elle le fait « depuis huit ans et a connu trois présidents de la République ». Ce patron admettrait une précision des statuts à condition que ce soit « pour raccourcir les mandats afin de permettre à des entrepreneurs de terrain de présider le Medef et de ne pas délaisser longtemps leur entreprise » (Le Figaro Economie, 05/02/2013). Traduction : non seulement Mme Parisot n’appartient pas à la catégorie des « entrepreneurs de terrain », mais encore elle ne consacre que peu de temps à l’entreprise dont elle est le PDG, à savoir l’IFOP.

Dura lex, sed lex… Au cas où son mandat ne serait pas renouvelé, Laurence Parisot aura le temps de méditer sur cette phrase pleine de profondeur dont elle est l’auteur : « La vie est précaire, l’amour est précaire, pourquoi le travail ne serait-il pas précaire ? » (Le Figaro, 05/08/2013).

Il lui resterait alors à vaincre l’ennui. Pour ce faire, elle pourrait s’employer à utiliser ses talents d’entrepreneur au sauvetage du groupe Parisot (2.000 salariés), spécialisé dans la fabrication de meubles de cuisine et de salle de bain ; sa famille détient toujours 49% du capital. L’une des filiales du groupe, la Manufacture vosgienne de meubles, placée en redressement judiciaire en novembre dernier, vient d’annoncer un nouveau plan de restructuration entraînant la suppression de 120 emplois sur 378. Mais les difficultés frappent l’ensemble du groupe ; il paraît que le plan de relance de l’automne dernier, baptisé Parisot 2015, « a été trop tardif » (Les Echos, 01-02/02/2013). A coup sûr, avec une Laurence Parisot disponible, capable de mettre les bouchées doubles, tout cela pourrait s’arranger.

En huit années de présidence du Medef, elle a eu le temps de perfectionner l’art de donner des leçons à la terre entière – par médias interposés. En particulier au gouvernement français. L’heure est peut-être venue pour elle de passer des paroles aux actes. A l’entendre, les mesures fiscales prises par François Hollande lors des premières semaines de son mandat étaient « désastreuses » (Grand Jury RTL-Le Figaro –LCI, 03/02/2013). Peut-être que les décisions prises par l’actuelle direction du groupe Parisot sont tout aussi « désastreuses »…On serait curieux d’avoir son avis sur la question.

Crédit photo : MEDEF via Wikipédia (cc).

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