11/02/2013 – 10h00
ROME (NOVOPress) – Alors que les derniers sondages attestent une nette remontée de la coalition de centre droit (Peuple de la Liberté et Ligue du Nord) de Silvio Berlusconi, le président du groupe Pdl au Sénat, Maurizio Gasparri, a utilisé la politique française pour mettre en garde les Italiens : « Salles de shoot pour la drogue d’État, mariages gay: voilà ce que propose à la France le gouvernement de gauche.
C’est ce que risquerait l’Italie dans le cas improbable d’une victoire de la gauche, y compris avec la béquille Monti. Pour éviter un sort similaire à celui de la France, il faut accentuer encore la grande remontée du Pdl et de Berlusconi. Pour ne jamais avoir en Italie de drogue d’État, mais la solidarité et la guérison pour qui tombe dans le drame de la toxicodépendance ».
Cette intervention du sénateur Gasparri intervient quelques jours après la tempête médiatique soulevée par les propos de l’archevêque Vincenzo Paglia, président du Conseil pontifical pour la famill). Lundi 4 février, au cours d’une conférence de presse, le prélat du Vatican avait rejeté le mariage homosexuel mais s’était déclaré ouvert à « la reconnaissance des droits des couples gay ». Deux jours après, sans démentir ses propos, il avait expliqué que ceux-ci « avaient été comme “déraillés” [sic. deragliare en italien, comme dérailler en français, est un verbe intransitif]. Je me permets cette image ferroviaire: ils ont été déraillés de leur voie ».
Beaucoup considèrent en Italie qu’il ne s’agissait nullement d’une maladresse mais d’une manœuvre calculée. Mgr Paglia est un pilier de la communauté catho-conciliaire Sant’Egidio, dont le fondateur, Andrea Riccardi, est un des plus proches associés politiques de Mario Monti. Selon des sources bien informées, c’est même dans l’appartement de Mgr Paglia, au couvent romain des Sœurs de Notre Dame de Sion, que Monti s’était secrètement réuni, avec les dirigeants centristes italiens, le 28 décembre dernier, pour monter une coalition électorale qui vise à récupérer le gros de l’électorat catholique (acquis jusque là à Berlusconi). Les propos de Mgr Paglia viseraient donc à permettre à Monti de mener une ouverture à gauche sur le terrain sociétal, sans risquer d’effrayer les catholiques.
Monti avait fait une tentative dans ce sens en présentant aux élections sénatoriales un homosexuel revendiqué, Alessio De Giorgi. Manque de chance, les médias avaient vite révélé que ce personnage était surtout patron de différents sites pornographiques. Les alliés de Monti issus de la vieille démocratie chrétienne, aujourd’hui regroupés dans l’UDC (Union des Démocrates chrétiens et du Centre) de Pier Ferdinando Casini, qui ne plaisantent pas avec la moralité, lui ont imposé l’exclusion de De Giorgi. Le programme actuel de Monti n’a donc rien sur les unions homosexuelles, alors que la coalition de gauche propose une union civile sur le modèle allemand, sans droit à l’adoption. La députée de gauche et militante lesbienne, Paola Concia, a ironisé à ce propos : « Je voudrais voir Monti ne pas voter le modèle allemand, je le fais appeler par son amie Merkel…»
Certains accusent déjà « les “catholiques” commeCasini, Monti et Riccardi lui-même, utilisant le miroir aux alouettes du “non au mariage gay” – et pensant se laver la conscience de cette manière – se préparent peut-être à dire oui aux unions civiles, dans l’optique d’un futur accord de gouvernement avec la gauche. Dans ce contexte, les déclarations, mais surtout les silences de Mgr Paglia risquent de paraître ambigus, légitimant dans une certaine mesure les possibles futures concessions montiennes ».
Une tentative pour rassurer les catholiques italiens que le spectacle de la gauche française au pouvoir pourrait bien compromettre.