10/02/2013 – 10h30
WASHINGTON (NOVOpress) – Les Nord-américains ont une forte tendance à critiquer la violence chez leurs voisins d’Amérique centrale. Mais une étude sur le sujet, tout juste rendue publique, remet en cause cette idée reçue : le taux d’homicide dans les grandes villes américaines est plus élevé que dans la plupart de ces pays.
Dans son discours sur la nécessité d’encadrer les ventes d’armes, Obama s’est étrangement abstenu d’évoquer cette étude de Richard Florida (photo), reprise par les journaux The Atlantic Cities et El Nuevo herald, dans laquelle on apprend notamment que le taux d’homicides par armes à feu à Washington D.C. est quasiment le double de celui du Mexique.
Intitulée “violences armées dans les villes des Etats-Unis, comparatif avec les pays les plus violents du monde” , elle comprend une carte révélant des statistiques étonnantes sur l’ampleur du problème aux Etats-Unis. Elle est signée de Richard Florida, géographe et professeur émérite de l’université de Toronto ainsi que Docteur de l’université de Columbia à New-York.
Alors que la presse américaine publie chaque jour des articles terrifiants sur les violences au Mexique, où la criminalité liée aux cartels de la drogue a fait plus de 60000 morts au cours des six derniers années, la majorité des grandes villes américaines affiche en réalité des taux d’homicides par armes à feu bien supérieurs. Et comparé à Washington D.C., à La Nouvelle-Orléans, à Detroit, à Baltimore ou à Miami, le Mexique n’a sûrement pas à rougir :
– Le taux d’homicides par arme à feu à Washington D.C. est de 19 pour 100000 habitants, soit près de deux fois plus qu’au Mexique (à 10 pour 100 000) et juste au dessus du Brésil (à 18).
– La Nouvelle-Orléans, avec 62 homicides par armes à feu pour 100000 habitants, affiche un taux qui rivalise avec celui du Honduras, pourtant le pays le plus violent au monde avec 68 morts pour 100000 habitants.
– Detroit, à 36 meurtres pour 100000 habitants, se place devant la Colombie, pays pour lequel le Département d’Etat américain émet régulièrement des “avertissements aux voyageurs”, tout comme le Mexique d’ailleurs.
“Les chiffres sont ahurissants, déclare Richard Florida. De nombreuses grandes villes des Etats-Unis ont un taux d’homicides par armes à feu comparable à celui des pays les plus violents de la planète.”
Certes, il est difficile de comparer des villes à des pays. Cependant, bon nombre de pays affichant des records de violence, comme le Honduras, ont une population comparable à celle des grandes agglomérations américaines.
Ces chiffres sont d’autant plus percutants qu’ils apparaissent en plein débat sur les armes à feu.
Aussi les partisans du lobby des armes aiment-ils rappeler que, bien que les Etats-Unis soient le pays où le taux de possession d’armes à feu est le plus élevé, leur taux d’homicides à l’échelle nationale n’est que de 3 pour 100000 habitants, soit bien en deçà de la majorité des pays d’Amérique latine.
En face, les détracteurs de la vente libre des armes répliquent que l’Angleterre, la Norvège, la Suède et d’autres pays imposant un encadrement plus strict ont des taux d’homicides par armes à feu largement inférieurs aux Etats-Unis, en dessous de 0,5 pour 100000 selon les statistiques des Nations unies.
Bref, le débat est loin d’être clos, et cette étude vient jeter un nouveau pavé dans la mare pour une administration démocrate déjà bien embarrassée par le sujet.
Julien Lemaire
Crédit photo : Phillip, via Flickr (cc).