Par Édouard Tressalec, correspondant à Bruxelles pour Novopress sur les questions belges et bruxelloises. Crédit photo : Lec via Flickr (cc)
Le 16 octobre 2012, dans notre article « Belgique : le courant nationaliste s’effondre », nous évoquions notamment la déroute du Vlaams Belang (VB) face à la Nieuwe Vlaamse Alliantie (NVA) de Bart De Wever.
Nous évoquions également la convocation du Vlaams Belang à l’hôtel de ville (mairie) d’Anvers (Antwerpen), par Bart De Wever, une situation pour le moins étonnante lorsqu’on sait que Filip De Winter, l’une des principales figures de proue du VB, a longtemps convoité le maïorat d’Anvers, détenu aujourd’hui par Bart De Wever.
Récemment, un débat s’est ouvert sur la nécessité de maintenir ou non le « cordon sanitaire » autour du Vlaams Belang, ce qui implique une interdiction formelle de négocier tout accord politique avec ce parti pour établir une majorité à quelque niveau que ce soit. Selon certains observateurs, le « cordon sanitaire » aurait eu son utilité durant une quinzaine d’années mais serait aujourd’hui menacé d’obsolescence du fait que nombre de thèmes développés par ce parti, ceux-là même qui motivèrent l’établissement du « cordon sanitaire » (criminalité, chômage, immigration, islam…), sont aujourd’hui développés par… d’autres partis politiques.
En outre, le 9 janvier, dans la commune de Denderleeuw, une coalition composée de la NVA et du CD&V (chrétiens-démocrates flamands), avait bénéficié du soutien du VB, lors de la désignation, par un scrutin à bulletins secrets, du président du conseil communal et d’échevins. Le « cordon sanitaire » se voyait ainsi directement menacé par l’irruption du VB, qui au fil des décennies a largement modéré son discours dans l’espoir de pouvoir accéder, lui aussi, à divers échelons du pouvoir qui lui sont jusqu’ici restés fermés. L’affaire provoqua de nombreux remous dans la classe politique, jusqu’à ce que le CD&V et la NVA parviennent à un accord avec l’Open VLD (libéraux flamands) pour créer une coalition tripartite excluant le Vlaams Belang.
Le « cordon sanitaire » n’en est pas moins de plus en plus contesté et il va sans dire que son abandon permettrait au VB d’obtenir enfin une parcelle de ce pouvoir tant convoité et dont la route lui est aujourd’hui barrée par la NVA. Est-ce donc cet appât du gain politique qui a motivé les récentes déclarations du président du Vlaams Belang, Gerolf Annemans ?
Celui-ci, dans une interview accordée au journal De Standaard, s’est excusé pour tout ce qui avait pu laisser penser que son parti ou lui étaient de tendance extrémiste ou raciste. Gerolf Annemans a d’ailleurs réfuté l’idée que son parti ait pu exclure, au cours de son histoire, « certains groupes de la population », et affirme qu’il a rejeté le plan en 70 points contre l’immigration. Le président du VB affirme aussi que son parti est « parfois resté trop attaché à certaines prises de position », que « le moment est venu d’un débat d’adultes » au sein du VB et que son parti s’est montré longtemps trop peu flexible « pour voir que le monde changeait ». Et de poursuivre en ces termes : « Je suis d’avis que nous ne devons pas ériger nos positions en terme de migration contre des gens mais bien contre les autres partis. Nous menons un combat politique, pas un combat contre des gens. J’y ai moi-même toujours été attentif, et dans la mesure où le parti a pu donner l’impression que nous nous en prenions à certaines personnes, je tiens à m’excuser pour cela, en toute sérénité. »
En Flandre, dans le sillage de la NVA, le « soft-nationalisme » a décidément la cote. Et la perspective de pouvoir bénéficier un jour des divers et nombreux avantages d’une accession au pouvoir, consécutivement à un éventuel abandon du « cordon sanitaire », semble pousser d’aucuns aux renoncements et aux retournements les plus étonnants.
Édouard Tressalec pour Novopress
Sources : « Le président du Vlaams Belang Gerolf Annemans s’excuse », Belga, 28/01/2013 / « Les discussions vont se poursuivre à Denderleeuw », Belga, 5/01/2013 / « Le cordon sanitaire finalement respecté à Denderleeuw », Belga, 22/01/2013 / « Denderleeuw, we have a problem », Belga, 7/01/2013.