Extraction d’ADN d’un os d’un homme de Néandertal par un technicien de l’Institut Max Planck.
23/01/2013 – 16h00
WASHINGTON (NOVOpress) – La découverte en février 2010 en Pologne de trois dents en parfait état de conservation d’un Néandertalien par l’équipe de Mikolaj Urbanowski, archéologue, a permis de multiples avancées dans la connaissance de notre cousin le plus proche.
Avant cela, en 2005, le journal Life Sciences avait lancé un projet avec l’Institut Max Planck : le début du séquençage du code génétique d’une femme de Néandertal. Maintenant presque terminé, celui-ci permettra aux scientifiques d’étudier l’empreinte génétique de ce parent des humains actuels.
Si toutes ces initiatives ont un intérêt scientifique évident, on peut être en revanche beaucoup plus réservé sur celle de George Church. Ce professeur de génétique à la Harvard Medical School, estime être capable de ramener à la vie l’homme de Néandertal, espèce hominidée éteinte depuis 30.000 ans. Tout ce qui nous manque, dit-il très sérieusement, c’est une « mère » !
«Je peux créer un bébé de Néandertal, si je trouve une femme volontaire et aventureuse», a t-il précisé au journal allemand Spiegel Online puisque « l’ADN de l’homme de Néandertal, a été plus ou moins reconstruit grâce au séquençage génétique ».
L’objectif annoncé du chercheur serait d’étudier sa résistance biologique et ses capacités immunitaires. Il serait aussi question d’observer, au travers de son adaptation et de son développement, quelle est la part du biologique et de l’apprentissage, de l’inné et de l’acquis, chez ce spécimen.
« Nous créons déjà des cellules de Néandertal, peut-être que demain tout le monde voudra avoir son enfant néandertalien », n’hésite pas à ajouter George Church, apparemment peu concerné par les questions d’éthique.
Peut-on ressusciter une espèce qui n’a jamais connu l’environnement terrestre actuel ? Pour en faire quoi exactement ? Qu’en sera t-il de la mère et de son état psychologique suite à la naissance de cet « hybride » ? George Church évite scrupuleusement ces questions, pour l’instant.
Contacté par le Boston Herald, et par des centaines d’autres journalistes partout dans le monde, le professeur dément : il s’agirait en fait d’une mauvaise traduction d’une interview donnée au journal allemand Der Spiegel, reprise ensuite par The Independent et la Fox. Il affirmait hier, mardi 22 janvier, ne pas être partisan de cette expérience, mais qu’il avait simplement expliqué que « c’était techniquement possible ». Pourtant, en relisant l’interview en question, cela semble ne laisser que peu de place au doute.
L’année dernière, les chercheurs ont également terminé le séquençage du génome d’un autre parent disparu, le Denisovan, uniquement avec un morceau de phalange et deux molaires. Pour l’instant, heureusement, aucune « résurrection » n’est encore prévue pour celui-ci.
Julien Lemaire
Crédit photo : Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology via Wikipédia (cc)