23/01/2013 – 18h00
PARIS (NOVOpress) – 972.943 €, une somme… 72 ans de salaire minimum garanti. Mais c’est surtout la somme démentielle réclamée par plusieurs « majors » d’Hollywood ( Columbia, Disney, Paramount, Tristar, Warner et Twentieth Century Fox) et deux syndicats professionnels de la distribution cinématographique à un jeune charentais de 22 ans, Kevin Hanon. Son délit ? Avoir créé un site « annuaire » référençant 1 587 films, permettant ainsi à l’internaute de trouver les liens de téléchargements sur les plateformes ad hoc. L’accès au cinéma pour tous, en somme…
Condamné en première instance à deux de mois de prison avec sursis et à l’euro symbolique, le jeune homme croyait avoir échappé au pire. Or, les studios californiens comptent bien ne pas en rester là et lors du deuxième round à la cour d’appel de Bordeaux ont donc, par la voix de leur conseil, demandé réparations des préjudices subis à hauteur de 1.300.000 dollars, soit 972.943 euros.
Pourquoi ce chiffre ubuesque ? Le conseil des parties civiles a établi à 6 millions le nombre de visiteurs ayant visité le site de Kevin entre 2007 et 2010 et à « 20% » la part d’internautes ayant téléchargés abusivement un de ces « divx ». Soit 1.200.000 cybercriminels… Multiplions le tout par la moitié du prix d’un DVD (soit 5,5 € : quote-part correspondant aux droits intellectuels) et grâce à d’autres calculs savants compliqués, vous obtenez … 972 943 €.
Heureusement que les avocats d’outre-Atlantique n’ont pas pris en compte le manque à gagner des distributeurs hexagonaux, à 6,50 € la place dans une salle obscure, soit 7.800.00 euros de perte sèche. Rassurons-nous, les « majors » françaises (notons avec sympathie que les grands distributeurs nationaux, Gaumont, Pathé n’ont pas voulu s’associer à cette farce), ils s’en moquent. Ce qui compte pour eux, c’est récupérer leur argent et uniquement leur argent. Pour Kevin Hanon, délibéré le 7 février prochain à Bordeaux.
Faire un exemple, marquer un grand coup et aussi démontrer l’échec d’Hadopi qui depuis sa création, malgré les 1.150.000 courriels d’avertissements envoyés aux internautes qui ont téléchargé “illégalement” et son budget annuel de 12 millions d’euros, n’a obtenu qu’une condamnation. Condamnation à 150 euros d’amendes pour avoir un morceau de Rihanna. Mazette !
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