Danger : la technique n’est pas neutre – Par Diane Prullée-Rousseau

3 décembre 2012 | Sciences/Techno, Société

Technique : s’il y a bien un élément qui caractérise notre monde moderne, c’est la T.E.C.H.N.I.Q.U.E. Elle est partout. Si on la remercie quand elle permet de nous soigner, ou si grâce à elle, je peux me passer de faire la vaisselle, on a aussi toutes les raisons du monde de la craindre ou au moins de s’en méfier.

Émiettement : La technique participe au morcellement de la pensée. Quelle a été ma surprise quand j’ai découvert sur les bancs de la fac des étudiants multitâches. L’étudiant lambda réalise en cours pas moins de trois activités : il écoute le professeur, joue aux échecs ou au solitaire sur son ordinateur ; et il répond aux textos. Je mets grandement en doute notre capacité à enregistrer notre cours en pensant ainsi à trois choses différentes. L’émiettement de la pensée empêche toute réflexion approfondie !

Cerveau : on empêche donc notre cerveau de réfléchir plus d’une heure sur un sujet donné. On ne fait que survoler des idées ultra-simplifiées et les étudiants voient leur capacité de concentration réduite. On a critiqué la décomposition et l’uniformisation des tâches du taylorisme qui réduisait l’ouvrier à une machine, aujourd’hui faisons le procès des nouvelles technologies qui nous abrutissent !

Humain : Sommes nous encore des êtres humains si nous sommes réduit à des esclaves de notre téléphone et de notre ordinateur ? Nous ne sommes plus acteurs de nos vies, si nous ne faisons que réagir constamment à nos petits gadgets.

Neutre : Beaucoup pensent que la technique est un immense progrès et que chaque nouvelle version de l’iPhone est une révolution. Il faut prendre un peu de recul et se rendre compte que l’explosion et la démocratisation massive de la technique est toute récente. Nos parents ont commencé à utiliser des téléphones portables avec parcimonie quant ils avaient trente ans, nous les utilisons tous les jours depuis notre plus jeune âge. Il faudrait être aveugle ou stupide pour ne pas s’interroger sur les conséquences de telles pratiques.

Isolement : Oui, à l’ère de la communication est aussi l’ère qui a vu naitre SOS Amis. Malgré un carnet d’adresses et un répertoire remplis à bloc, nous n’avons jamais été aussi seuls. Emails, SMS, Skype, Facebook… ne sont que de piètres sources de réconfort pour celui qui n’a pas de véritables amis.

Qualité : L’hypertrophie de la technique nuit à notre qualité de vie et à notre santé. Nos yeux fatigués par l’agression constante des images souffrent et ne savent plus apprécier la beauté de leur environnement. Certains enfants passent des heures devant leur ordinateur au lieu de courir avec leur camarade en plein air… et les enquêtes sur le nuisibilité des téléphones portables sont bien vite étouffées.

Uniformisation : la technique uniformise les modes de pensée et nuit à l’imagination à cause de la place des images préconçues que nous subissons à longueur de journée. Notre potentiel de création est singulièrement appauvri.

Écran : les écrans qui se multiplient autour de nous (publicité, horaires, portables, télévision…) nous rendent dépendants. Nos yeux sont sous l’emprise de la lumière qu’ils diffusent, de la même façon que nous recherchons la lueur d’une étoile dans un ciel obscur. Il suffit de prendre un verre avec un ami dos à une télévision… quelque soit ce qui s’y raconte, et malgré toute la bonne volonté du monde, vous pouvez être sur que les yeux de votre ami feront de constants aller-retour entre l’écran et vous même.

Savoir-vivre : j’attends avec impatience celle qui écrira Le Savoir-Vivre des Nouvelles Technologies. Je ne supporte plus les cafés à trois : mon ami, son portable et moi.

Dommage que le mot T.E.C.H.N.I.Q.U.E. ne soit pas plus long, il y aurait encore beaucoup de chose à dire. En bref, dominez la technique avant que ce soit la technique qui vous domine !

Source : le webzine féminin non-conforme Belle et Rebelle.

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