14/11/2012 – 19h30
PARIS (NOVOpress Breizh) – Donner des leçons d’économie à la France entière – et au gouvernement en particulier – semble facile, mais faire tourner une entreprise constitue un exercice beaucoup plus compliqué. Voilà la leçon que devrait retenir Laurence Parisot, présidente du Medef.
L’entreprise Parisot – fondée par son grand-père en 1936 et dans laquelle son père lui avait confié son premier job : l’ouverture du courrier – vient d’être placée en procédure de sauvegarde pour une période de six mois par le tribunal de commerce de Vesoul (mardi 6 novembre 2012). Ce qui lui permettra de geler ses dettes.
Parisot, l’un des principaux fabricants tricolores de meubles, avait déjà connu de grosses difficultés en 2012. Sous l’égide du Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI), la dette avait été restructurée et Windhurst Industries, une holding industrielle alsacienne, avait pris le contrôle du groupe. La famille Parisot, elle, avait lâché la barre, tout en conservant 49 % du capital. Le fonds souverain français, le FSI, avait appuyé l’opération en entrant au capital de Windhurst Industries, dont il détient actuellement 20 % (Le Monde 08/11/12).
Application réussie d’une devise chère aux libéraux : nationalisons les pertes et privatisons les profits.
Le groupe Parisot emploie au total 2.100 personnes avec trois unités de production en France (Bourgogne et Lorraine) et deux en Roumanie. Le retournement brutal du marché du meuble et un positionnement inadéquat se trouvent à l’origine de la déconfiture de l’entreprise chère à Laurence Parisot.
Les récentes déclarations de la présidente du Medef montrent qu’elle avait senti le vent venir : « Nous savons tous que la situation économique est gravissime. Moi-même je disais avant l’élection que la situation était préoccupante. Mais aujourd’hui, nous sommes passés d’un avis de tempête à un avis d’ouragan » (Le Figaro économie, 15/10/12). A quoi pensait-elle : à la France ou aux meubles ?
Dans le même entretien, elle s’en prenait à Arnaud Montebourg, coupable à ses yeux de faire « preuve d’un interventionnisme social intempestif » (sic). Ce jour-là, Mme Parisot oubliait que, sans l’« interventionnisme » de Bercy en 2010, l’entreprise qui porte son nom disparaissait corps et biens.
Crédit photo : Medf via Flickr (cc).