10/11/2012 – 18h00
PARIS (NOVOpress Breizh) – Le Premier ministre a reçu le 8 novembre une délégation du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM). A l’ordre du jour de cette rencontre la situation du culte musulman en France. Montrant comme à son habitude une très grande compréhension vis-à-vis de l’installation de l’Islam en France, Jean-Marc Ayrault a notamment estimé que les termes « islamisme » et « islamiste » peuvent « être source d’amalgames et de confusions préjudiciables à la religion musulmane ».
Selon Mohammed Moussaoui (photo), président du CFCM, le Premier ministre – qui a manifestement une conception assez particulière de la laïcité lorsqu’il s’agit de l’islam – a réaffirmé qu’il est indispensable, selon lui, que l’outil de financement du culte musulman qu’est la Fondation des œuvres de l’Islam de France « puisse être exploité au mieux afin d’assurer ainsi le soutien de la construction des mosquées, l’action des instances représentatives du culte musulman, ainsi que la formation des imams et des aumôniers de prisons. »
En ce qui concerne ces derniers, il est vrai qu’ils semblent actuellement trop peu nombreux pour répondre à la demande. Selon l’administration pénitentiaire en effet 30% des détenus demandent à observer le Ramadan. Missoui Chaoui, aumônier régional musulman, a de son côté récemment affirmé sur France Inter (08/10/12) qu’il y aurait 65% de musulmans dans les prisons françaises. La question des causes de cette surreprésentation des musulmans dans les établissements pénitentiaires n’a toutefois pas été abordée.
Par contre l’occupation pacifique du chantier de la mosquée de Poitiers, le 20 octobre dernier, par les jeunes militants de Génération identitaire, a été largement évoquée. A « l’inquiétude » exprimée par M. Moussaoui, Jean-Marc Ayrault a réaffirmé sa détermination et celle de son gouvernement d’agir « avec la plus grande fermeté contre toutes les expressions de haine qui visent les musulmans » (sic).
Le CFCM a également rappelé son opposition à l’utilisation des termes « islamisme » et « islamiste» pour dénoncer les extrémistes se réclamant de l’islam. Le locataire de Matignon a reconnu bien volontiers que « l’usage de ces termes pourrait être source d’amalgames et de confusions préjudiciables à la religion musulmane ».
L’interdiction légale de certains mots n’étant pas – du moins actuellement– à l’ordre du jour, comment désigner les terroristes qui – à l’instar de Mohamed Merah – se réclament expressément de l’islam ? Cette importante question ne peut que retenir l’attention d’un Premier ministre soucieux d’assurer le « vivre-ensemble » des différentes « communautés issues de la diversité », d’autant que cette tâche s’avère, au fil des jours, de plus en plus délicate.
Répondant par avance à ce souci d’utiliser une terminologie qui ne soit pas trop « stigmatisante », les médias ont déjà entamé le travail en opérant un subtil glissement sémantique : on parle désormais non plus d’ « islamisme » mais d’« islamisme radical » pour évoquer des affaires de terrorisme. Nul doute toutefois que les spécialistes de novlangue finiront bien par trouver une solution plus satisfaisante à cette épineuse question.
M. Moussaoui n’a pas manqué enfin de réaffirmer son opposition au projet de loi concernant le mariage homosexuel. Mais contrairement aux autres propositions du CFCM, Jean-Marc Ayrault n’a semble-t-il pas partagé cette position. La dhimmitude a tout de même des limites.
Crédit photo : MEDEF via Flickr (cc).