09/11/2012 — 17h00
NICE (NOVOpress) — Le pavé dans la mare jeté par les identitaires lors de leur Convention à Orange – Fabrice Robert soulignant que Front National et Bloc Identitaire devaient se concevoir comme complémentaires et non concurrents, et Philippe Vardon déclarant un peu plus tôt qu’il fallait réaliser l’union pour les élections municipales y compris en permettant à des personnes issues des rangs identitaires de rejoindre les listes du Rassemblement Bleu Marine – n’en finit plus de faire réagir. Qu’il s’agisse de journalistes, quelque peu militants, jouant un jeu trouble dans leur façon de poser les mauvaises questions pour avoir les bonnes réponses – celles qui leur conviennent –, ou bien des responsables du Front National.
Marine Le Pen la première, a déclaré que le rattachement du Bloc Identitaire au Rassemblement Bleu Marine n’était pas à l’ordre du jour, plaçant d’ailleurs cette question sur le plan du débat idéologique en décrivant le Bloc comme “régionaliste” et “européiste”. Cela laisse entrevoir des débats de fond à venir assez intéressants, la position des identitaires tout autant que celle du FN dans ces domaines demandant à être davantage explicitée. Philippe Vardon, avait d’ailleurs précédé Marine Le Pen – dans une vidéo tournée à l’issue de la Convention – en revenant sur des articles déformant ses propos, et précisant lui-même que le Bloc Identitaire – en tant que formation avec sa propre dynamique et ses propres objectifs – n’avait aucune vocation à intégrer le RBM, mais qu’en revanche cela était tout à fait envisageable à l’échelle individuelle.
Lundi dernier, c’est Steeve Briois, le n°2 du Front National, qui est entré dans le vif sujet en poursuivant dans cette direction et déclarant lors d’une conférence de presse à Grenoble : “Le Rassemblement bleu Marine dépasse largement le Front national et s’adresse autant aux électeurs déçus par l’UMP qu’aux identitaires, mais à titre individuel” et rajoutant même “nous invitons personnellement Philippe Vardon à Nice”.
Enfin, le président d’honneur Jean-Marie Le Pen, a pour sa part – dans un style qui lui appartient et confirmant apparemment le peu d’espérance qu’il met dans le RBM – invité Philippe Vardon à “aller à Canossa”, c’est-à-dire à rejoindre carrément le Front National, puis rajoutant “il n’est pas inintéressant”. Jean-Marie Le Pen en sait quelque chose, lui qui avait affronté le même Philippe Vardon dans un débat musclé lors des dernières élections régionales.
Dernière réaction en date, et assez étonnante dans son ton comme dans son fond, celle de Lydia Schénardi, la secrétaire départementale di FN des Alpes-Maritimes. Alors qu’en juin dernier, suite au soutien apporté par Nissa Rebela à sa candidature aux élections législatives, celle-ci avait déclaré sur France 3 (voir la vidéo ci-dessus) “[Avec les identitaires] on a un avenir commun sur la ville de Nice”, la voici affichant un mépris et une assurance qui tranchent nettement avec ces propos.
En effet, interrogée par l’hebdomadaire Le Petit Niçois dans le cadre d’un dossier de deux pages sur les Identitaires, Lydia Schénardi déclare : “Les Identitaires et nous, nous ne jouons plus dans la même cour”, avant de revenir sur l’action menée à Poitiers pour laquelle plusieurs cadres locaux et nationaux du Front ont pourtant témoigné beaucoup de sympathie ou a minima de compréhension (c’est notamment le cas de Marine Le Pen, ou encore des députés Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen). “Il faut avouer que l’action à Poitiers n’a rien arrangé. Car nous essayons de sortir de cette diabolisation en gommant les surfaces rugueuses”. Une volonté de dédiabolisation affirmée ici de manière bien maladroite par Lydia Schénardi, qui par ailleurs n’a manifestement pas pris conscience de l’immense vague de sympathie (et de soutien) suscitée par l’action de Génération Identitaire à Poitiers. Dans une ville et un département où les Identitaires sont particulièrement bien implantés et pèsent tout de même autour de 5% électoralement, cela a de quoi étonner. Tout comme quand elle déclare encore : “Si on s’alliait aux Identitaires pour gagner 2 points, on risquerait en réalité d’en perdre 7″. L’arithmétique électorale ainsi présentée ne semble pas évidente… Le dernier cas concret auquel Mme Schénardi a été confrontée en l’espèce ce sont les élections municipales de 2008, où le FN – qui à l’époque aussi parlait des Identitaires comme des “jeunes” qui auraient dû rester dans le “culturel” avec un mépris non feint – avait refusé de faire une liste commune pour finir seulement 1% au-dessus de la liste identitaire, à 4,5%… C’est à ce propos d’ailleurs que Philippe Vardon affirmait cette semaine dans un entretien au quotidien Métro : “Je suis un traumatisé de 2008”, car l’absence d’entente entre le FN et Nissa Rebela en 2008 permettent depuis lors à Christian Estrosi de gouverner sa ville sans aucune opposition réelle.
Lydia Schénardi termine son intervention dans le journal en déclarant, toujours bravache : “Que Philippe Vardon vienne prendre sa carte au FN ! Nous l’accueillerons les bras ouverts ! Dans le cas inverse, il restera dans une cour pour enfants !” Nous voici bien loin des déclarations de juin dernier et de “l’avenir commun sur Nice” professé alors par Mme Schénardi. On voudrait créer un incident et au contraire empêcher tout rapprochement que l’on ne s’y prendrait pas autrement…
Réagissant sur les réseaux sociaux, Philippe Vardon – illustrant parfaitement son discours de la Convention Identitaire, où il parlait “d’aller taper aux portes, et même une seconde et même une troisième fois si on me les referme au nez, et même de les enfoncer ces portes s’il le faut” – a déclaré : “Tant pis. Pour ma part je compte bien continuer d’œuvrer pour le bien commun, pour Nice et les Niçois. C’est-à-dire pour l’union et le rassemblement aux élections municipales de 2014. Parce qu’il le FAUT.”