Pour le député socialiste Urvoas, l’extradition de la militante basque Aurore Martin est tout à fait justifiée

5 novembre 2012 | Europe, Politique

04/11/2012 –08h00
QUIMPER (NOVOpress Breizh) –
L’arrestation par la police française et la remise aux autorités espagnoles de la militante basque, de nationalité française, Aurore Martin (photo), a déclenché de très nombreuses protestations, en particulier dans le Pays basque. Dans une déclaration faite à l’AFP, le député du Finistère J.J. Urvoas (PS) s’est efforcé de justifier l’attitude des autorités françaises.


Membre du parti indépendantiste Batasuna, Aurore Martin, 33 ans, a été arrêtée le jeudi 1er novembre à Mauléon-Licharre lors d’un contrôle routier “inopiné”, en exécution d’un mandat d’arrêt européen émis par l’Espagne le 13 octobre 2010 et validé le 16 décembre suivant par la justice française. Remise à la Guardia civil dès vendredi, Aurore Martin a été incarcérée à Madrid dans l’attente de son jugement. La justice espagnole reproche à la militante basque d’avoir participé à deux réunions publiques de Batasuna, un parti légal de ce côté des Pyrénées, mais interdit en Espagne car considéré comme étant proche de l’ETA. Elle encourt une peine de 12 ans de réclusion.

Alors que de très nombreuses voix – de tous bords politiques – se sont élevées, en particulier dans le Pays basque français, contre cette expulsion, le député socialiste du Finistère Jean-Jacques Urvoas, président de la Commission des lois à l’Assemblée nationale, a déclaré à l’AFP que cette extradition était parfaitement légitime.

Pour l’élu breton, il n’y aurait « aucune raison » de reprocher à Manuel Valls l’interpellation d’Aurore Martin, car elle ne « relève pas de sa compétence ». Selon lui, « l’autorité judiciaire espagnole, parfaitement indépendante du pouvoir politique, a lancé contre elle un mandat d’arrêt européen », lequel a été « validé par la cour d’appel de Pau, tout autant indépendante du pouvoir politique », et par la Cour européenne des droits de l’Homme, « dont personne ne peut douter de l’indépendance ».

Le député de Quimper feint d’ignorer que la gendarmerie, qui a procédé à l’interpellation, obéit aux ordres du ministre de l’Intérieur. Dans une telle affaire ce n’est évidemment qu’avec l’accord de ce dernier que l’interpellation a pu avoir lieu. Mais l’incarcération d’Aurore Martin dans les geôles espagnoles ne semble pas déranger M. Urvoas outre mesure, lui qui pourtant déclarait il y a peu que les « prisons étaient vides de sens ». Sans doute visait-il les délinquants “ordinaires”, car dans son esprit elles semblent avoir toute leur raison d’être pour les militants indépendantistes coupables de délits d’opinion.

Ce revirement des autorités française semble d’autant plus surprenant que François Hollande, en vacances au Pays basque en juillet 2011, aurait demandé à Claude Guéant, alors ministre de l’Intérieur, de laisser la jeune femme en liberté.

Il est vrai que le Pays basque n’a pas vraiment la cote au sein du gouvernement actuel. Dans un entretien accordé lundi dernier au quotidien espagnol El Pais, Manuel Valls a déclaré que la reconnaissance d’un Pays basque français dans la future loi de décentralisation était à exclure « tant que l’ETA n’aurait pas déposé les armes » (sic). Le jacobinisme ne devrait pas trop avoir à souffrir de la présidence de M. Hollande.

Les socialistes étaient moins soucieux d’écouter les demandes de l’Italie, en refusant dans le passé d’extrader Cesare Battisti. Mais il faut dire qu’il n’était accusé en Italie que de quatre meurtres dans le cadre de l’activité d’un groupe d’extrême-gauche, faits certes beaucoup moins graves que d’être accusé d’avoir participé à deux réunions publiques d’un parti politique indépendantiste…

Crédit photo : www_ukberri_net via Flickr (cc)

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