Raymond Marcellin (1914-2004) n’aura jamais manqué de chauffeurs… Crédit photo : DR
27/10/2012 – 19h30
VANNES (NOVOpress Breizh) – La Bretagne s’enorgueillit de posséder quelques stars. Par exemple Jérôme Kerviel et Clara Morgane (son calendrier 2013 est en vente dans les maisons de la presse : 19,99 €). Un troisième personnage pourrait se joindre à ce duo : François Goulard (UMP) président du conseil général du Morbihan, ancien député de Vannes (battu en juin dernier), ancien ministre de Dominique de Villepin. Et surtout spécialiste des petites vacheries anti-Sarkozy.
En effet, le 8 octobre dernier, le Press Club lui a remis le prix Humour et politique. Notre Breton l’a emporté grâce à cette phrase puissante : « Etre ancien ministre, c’est s’asseoir à l’arrière d’une voiture et s’apercevoir qu’elle ne démarre pas. » Drôle certes, mais c’est bien longtemps après avoir quitté son poste de ministre de la Recherche du gouvernement Villepin que le lauréat l’a prononcée. Gageons qu’il ne se serait pas autorisé une telle sortie lorsqu’il était encore en exercice (Le Monde magazine, 13/10/12).
Pour autant Monsieur Goulard n’est pas encore condamné à conduire sa voiture, puisque la fonction de président du conseil général lui procure un incontestable confort matériel : voiture avec chauffeur, attachée de presse, cabinet avec chargés de mission, secrétariat…Donc la voiture qui « ne démarre pas » ne constitue pas un souci pour lui.
En la matière il y a eu plus fort avec son lointain prédécesseur, Raymond Marcellin. Appelé respectueusement « monsieur le ministre » par ses collaborateurs pour avoir été ministre de l’Intérieur de Charles de Gaulle et de Georges Pompidou, il bénéficiait d’un train de vie de ministre alors qu’il ne l’était plus depuis longtemps.
En effet, M. Marcellin avait fait installer à Paris, boulevard de La Tour–Maubourg, une « antenne du conseil général du Morbihan » (sic). Là, deux appartements étaient à sa disposition, l’un privé, l’autre abritant son secrétariat. Dans la rue, deux voitures avec chauffeur attendaient le bon vouloir du « ministre », l’une fournie par le conseil général du Morbihan, l’autre par le ministère de l’Intérieur (faveur accordée aux anciens locataires de la place Beauvau).
Grâce à ces moyens matériels sympathiques, Raymond Marcellin pouvait continuer à mener une activité politique « nationale », espérant toujours revenir aux affaires dans un temps relativement proche. Le Morbihan l’occupait un jour par mois ; une descente d’une journée à Vannes suffisait pour couper quelques rubans – inaugurations obligent. Le fonctionnement de la maison était assuré par son directeur de cabinet, Yves Carof, « véritable commissaire politique de la région » (L’Express 22/05/1997) ; c’est avec lui que les élus traitaient.
Ces petites fantaisies – en particulier le loyer des deux appartements – étaient payées par le contribuable morbihannais. Lorsque l’ancien ministre passa la main, son successeur à la tête du conseil général, Jean-Charles Cavaillé (RPR), fit fermer la boutique et rapatrier le personnel.