Tomislav Nikolić, président SNS de la république de Serbie. Crédit photo : Wikipédia (cc).
15/10/212 – 20h30
VIENNE (NOVOpress) — Les découpages frontaliers hérités du traité de Saint-Germain-en-Laye (1919) nous ont laissé en héritage en Europe centrale maints problèmes de minorités, mais aussi de nombreuses solidarités transfrontalières. Un terrain idéal – avec en plus la multiplication des partis politiques issus de la chute du communisme – pour permettre aux eurocrates et aux grands partis européens une influence non négligeable sur la politique intérieure des divers états nés de l’effondrement de la monarchie austro-hongroise, puis plus récemment de l’explosion de la Yougoslavie.
Rappelons ainsi que lorsqu’en Autriche le FPÖ (Parti autrichien de la liberté) a gouverné avec le ÖVP (Parti populaire) après les législatives de 1999, Bruxelles avait mis le pays sous surveillance. En 2002, le Parti national slovaque (SNS) a participé à un gouvernement avec le SMER (Parti de centre gauche). Ce dernier a alors été suspendu du Parti socialiste européen (PSE) : il avait été considéré que le SNS était « un parti politique qui incite ou amène ses membres à des préjugés ethniques ou raciaux ».
Le FPÖ qui avait jusqu’alors des liens d’amitié et de coopération avec le SNS slovaque, mais aussi avec le SNS (Parti progressiste) serbe (une scission du nationaliste Parti radical serbe, scission favorable à l’adhésion de la Serbie à l’Union européenne), a toujours évité d’aller au-delà de simples contacts avec le Jobbyk hongrois, histoire sans doute aussi de s’éviter les foudres communautaires.
Mais une situation économique dégradée peut inciter à faire preuve de plus de souplesse. Ainsi le gouvernement serbe de Tomislav Nicolić (SNS) se trouvant confronté à une forte inflation du dinar (la Serbie ne fait pas partie de la zone euro, contrairement au… Kosovo) mais en ayant 70% de ses crédits aux entreprises libellées en euros, cherche à accélérer son entrée dans la Communauté européenne, quitte à rompre avec un FPÖ, qui l’a pourtant toujours soutenu à propos du Kosovo, et contre les positions de l’Europe.
De quoi réjouir Jörg Leichtfried (socialiste), chef de la délégation autrichienne au Conseil de l’Europe : « Le fait que, même pour les nationalistes serbes, le FPÖ de Strache est devenue trop nostalgique du passé et trop radicalement anti-européen est fort parlant. Avec ses considérations pangermanistes, ses slogans populistes et sa nostalgie du Schilling, le FPÖ s’isole même au sein d’une droite européenne rigide. Strache, qui rêve de transformer l’Autriche en une forteresse au centre de l’Europe, se retrouvera bientôt tout seul chez lui ».
Le secrétaire d’État autrichien aux Affaires européennes et internationale Reinhold Lopakte (ÖVP) pousse également à la roue, rappelant l’intérêt de développer les jumelages économiques entre les deux pays, mais aussi l’accueil possible du SNS dans le Parti populaire européen (PPE).
Mais la partie pourrait ne pas encore d’être achevée, le SNS ayant toujours manifesté son intérêt pour une adhésion de la Serbie à l’UE, mais dans son intégralité territoriale : autrement dit, avec le Kosovo dont elle conteste l’indépendance.
L’UE certes pousse à la « normalisation » avec le Kosovo, même si son indépendance n’a toujours pas été reconnue par tous les membre de la Communauté. Pour enfin adhérer à l’UE, la Serbie se satisfera-t-elle de la langue de bois bruxelloise : « l’évocation des problèmes au nord Kosovo, en respectant l’intégrité territoriale du Kosovo et en même temps les besoins de la population locale, seront un point important de ce processus » d’intégration européenne?
Parfaitement au fait des conditions de vie dramatiques dans les enclaves serbes du Kosovo, le gouvernement de Belgrade serait-il vraiment prêt à abandonner une partie de son peuple, à renier un pan de son histoire, en échange du mirage européen ?