Brest : les désarrois d’une adjointe socialiste dans un quartier « sensible »

8 octobre 2012 | Société

08/10/2012 – 12h00
BREST (NOVOpress Breizh) –
Incendie volontaire d’une école en août dernier, vols et incendies de voitures, jeune fille battue par son oncle pour n’avoir pas observé le ramadan, le quartier « sensible » de Kerourien à Brest ne déroge pas à ce qui est devenu la norme dans ces quartiers multiethniques. Interrogée par Le Télégramme, Patricia Salaün-Kerhornou, adjointe (PS) au maire de Brest en charge de ce quartier, a du mal à cacher son désarroi devant un « vivre ensemble » de plus en plus problématique.

« Il y a des problématiques sur le quartier mais, surtout, des choses enkystées, notamment des jeunes qui occupent le hall du centre social. ». On appréciera à sa juste valeur le parallèle effectué par l’élue socialiste entre « jeunes » et « choses enkystées ».

Malgré les « problématiques » qu’elle évoque, madame  Salaün-Kerhornou estime toutefois que « le quartier va très bien ». Bien obligée de reconnaitre la réalité, elle déclare cependant : « Il y a dix ans, nous avions affaire à des jeunes qui squattaient le hall des immeubles. Ce n’est plus le cas, mais ça a déplacé le problème. Les familles aussi ont changé. Il n’y a plus autant de familles nombreuses qu’avant, mais celles qui sont arrivées ont moins de repères sociaux, moins de règles de vie. » Précision : le quartier de Kerourien compte six cents logements, répartis dans de petits collectifs bien entretenus dans lequel vivent 1.500 personnes d’ethnies et de cultures différentes.

Si le quartier « va très bien » alors où est le problème ? Autour du centre social, semble-t-il. « Lors du réaménagement du centre, en 2008, nous l’avions pensé comme un hall ouvert, prolongement de ce que nous voulions être la place du village, précise l’élu, avant de constater qu’« après, il y a eu des mésusages et des clivages entre les jeunes et les moins jeunes. »

En quoi consistaient donc ces « mesusages » et ces « clivages » ? « Il y a eu deux descentes du GIPN, des voitures volées, brûlées. Une cabine téléphonique a été aplatie, une tractopelle volée sur un chantier pour démolir le mur construit, près du centre, pour protéger les enfants des voitures, etc. » On comprend mieux, effectivement. Brûler des voitures, aplatir une cabine téléphonique, c’est manifestement commettre une  – légère – erreur d’appréciation quant à la destination normale de tels équipements. Un « mésusage » indiscutablement.

Mais que l’on se rassure : « Quand les affaires en justice vont se régler, ce sentiment d’impunité qui anime un petit noyau va tomber. » L’optimisme de cette adjointe est admirable. Ce qui ne l’empêche pas d’être lucide  quand elle constate que « ces jeunes poussent à bout les professionnels. Ce qu’ils ne font pas contre tout le monde. C’est contre les institutions. Ils cherchent leur place. Il y a aussi un enjeu sur le territoire». Un enjeu de territoire ? Le problème est bien là semble-t-il. Reste à savoir qui en restera le maître. Madame  Salaün-Kerhornou a-t-elle un avis sur la question ?

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Vidéo : La nouvelle “musique celtique” dans un quartier “sensible” en Bretagne, mais là c’est à Lorient dans le quartier Kervénanec. Le groupe “Intencité”, auteur du clip, a indiqué que la voiture a été brulée pour célébrer le 14 Juillet.

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