09/08/2012 – 14h00
PARIS (NOVOpress Breizh) – Il fallait y penser. Dans un entretien accordé au quotidien Libération (07/08/12), Christiane Taubira vient de donner sa recette pour désengorger les prisons : réduire fortement les condamnations à des peines de prison. Une prise de position qui fait polémique, même au sein du Gouvernement. Seuls Jack Lang et J.J. Urvoas, député socialiste du Finistère, ont cru bon d’apporter un soutien inconditionnel à la ministre de la Justice.
Dans Libé, la garde des Sceaux n’y va pas par quatre chemins et démolit consciencieusement la politique pénale suivie lors de la présidence Sarkozy. La question de la surpopulation carcérale ? « Ce problème, assure-t-elle, est directement lié à la politique pénale menée ces dix dernières années par la droite ». En ce qui concerne les courtes peines, Christiane Taubira estime qu’« il y a des années que l’on sait que la prison (…) génère de la récidive, c’est presque mécanique. Il faut arrêter! Ça désocialise, ça coûte cher et ça fait de nouvelles victimes ».
Pour l’hôtesse de la place Vendôme, « la droite a fait croire à l’opinion publique qu’en enfermant de plus en plus, n’importe comment et pour n’importe quoi, on assurait sa sécurité. » Pire, selon elle « l’opinion a été totalement endoctrinée par des informations partisanes ».
À cette politique qualifiée – bien à tort – de « tout-répressif » , la nouvelle garde des Sceaux entend substituer une politique différente : assouplissement des peines planchers afin de réduire les courtes peines et donc diminuer la surpopulation carcérale, aménagements de peines pour les détenus qui sont à moins de six mois de la fin de la leur. Christine Taubira confirme ici les propos qu’elle avait tenus il y a quelque temps devant la commission des Lois de l’Assemblée nationale. « La prison, avait-elle déclaré, ne doit plus être la seule réponse, la seule peine et la seule référence ».
Si Matignon et l’Intérieur ont jusqu’ici gardé un silence prudent – et semble-t-il un tantinet embarrassé – sur ces déclaration, l’ancien ministre socialiste de la Culture et de l’Éducation, Jack Lang a réagi hier sur Europe1 en affirmant que « la prison aujourd’hui est une honte en France. Et les centres éducatifs coutent chers pour peu de résultats. Christiane Taubira a une politique qui sera efficace face aux prisons françaises, véritables fabriques à délinquance ». Pour l’ancien ministre de la Culture, réduire les peines de prison devrait conduire logiquement à réduire la délinquance…
Un avis que partage l’ancien « monsieur sécurité » du PS, le député du Finistère Jean-Jacques Urvoas. Pour celui qui est devenu président de la commission des Lois de l’Assemblée nationale, « la ministre a raison quand elle rappelle que si nos prisons sont pleines, elles sont vides de sens (sic) ». Un message qui ne manquera pas d’être reçu cinq sur cinq par tous ceux – et ils sont nombreux – qui ont avec le respect des lois de la République un rapport quelque peu… distancié.
Madame Taubira, prisonnière de sa vision iréniste de la société, a donc choisi de porter toute son attention, toute sa sollicitude, aux délinquants qui seraient, à l’entendre, les victimes du système. Les autres, les vraies victimes, ne l’intéressent manifestement pas. Ce faisant, elle manifeste avec éclat son refus d’assumer la mission de protection et de sauvegarde qu’a la justice vis-à-vis du peuple. Jamais, sans doute, un ministre en charge de cette fonction régalienne éminente n’aura été aussi loin dans l’inversion des valeurs.
Photo Une : prison de La Santé, 14ème arrondissement de Paris. Crédit : Michael C. Berch/Wikipédia (cc)