Patrimoine enraciné : la Tour du Bost en Saône-et-Loire

27 juillet 2012 | Agenda, Culture, Europe

27/07/2012 — 08h00
MÂCON (NOVOpress) —
Notre pays riche d’une histoire plurimillénaire se pare d’un héritage colossal de monuments divers, quelquefois certes impressionnants, mais le plus souvent de prime abord modestes, et qu’il faut savoir découvrir dès que l’on se hasarde hors des circuits touristiques. Et chez nous, contrairement à beaucoup d’autres pays européens, il reste relativement rare que les municipalités s’en préoccupent sans l’encouragement d’initiatives privées, laissant ainsi se dégrader dans l’indifférence d’irremplaçables trésors.

Fièrement dressée depuis au moins 700 ans au pied du Morvan, la Tour du Bost (ci-dessus) est un de ces témoins de notre histoire qui ont connus des fortunes diverses. Ce n’est ni Versailles, ni le Mont Saint-Michel, et l’on ne s’y presse pas par dizaines d’autocars. L’accès pédestre qui se fait par quelque huit cents mètres de chemin forestier préserve la sérénité du lieu. Ceux qui savourent le privilège de visiter la tour lors des quelques dimanches de juillet et août où elle est ouverte au public, sont souvent des gens du cru qui viennent y partager des souvenirs d’enfance ou des anecdotes. Une démarche très consciente visant à renouer avec leurs racines, et aussi à transmettre le flambeau à leurs enfants.

Des racines profondes, puisque diverses trouvailles locales attestent que le site était déjà occupé au début de l’époque gallo romaine. Plusieurs voies romaines y rejoignaient celle qui relie Autun à Cluny, et la présence d’une tour de garde à l’époque n’est pas à exclure. La tour actuelle, fier donjon rectangulaire habitable de 27 mètres de haut qui règne comme naguère sur tout un ensemble de bâtiments à vocation agricole, était entourée autrefois sur trois côtés d’étangs: une protection, mais aussi une richesse en des temps où Carême était une affaire des plus sérieuses, et où le poisson d’eau douce était un des premiers biens “d’exportation” de la Bourgogne. Elle s’inscrivait dans un ensemble défensif, étant en contact visuel avec plusieurs forteresses importantes, mais aujourd’hui entièrement disparues.

Rabaissée au rang de simple entrepôt au XVIIIème siècle, la tour alors encore bien conservée est entièrement dévastée par un incendie en 1920 et reste à l’abandon pendant soixante-dix ans. Peu à peu, les parties hautes exposées aux intempéries se dégradent ; des pans entier de maçonnerie dégringolent progressivement. Après la guerre, il est même un moment question de la démolir, tant elle devient dangereuse.

La Tour du Bost

Des racines profondes, puisque diverses trouvailles locales attestent que le site était déjà occupé au début de l’époque gallo romaine.

“Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve” : une maxime de Saint-Exupery que Robert Chevrot, historien local et passionné, aurait pu faire sienne quand il a fondé en 1991 l’Association de la Tour du Bost avec pour but rien moins que le sauvetage du monument. Une tâche titanesque, mais les ruines, avec leur étonnant escalier droit ménagé dans l’épaisseur des murailles, de la cave au chemin de ronde, la justifiaient largement. Le nettoyage des abords, le dégagement des centaines de mètres cube de déblais qui encombraient les étages inférieurs; la reconstruction d’une double voûte; la consolidation du chemin de rondes à 27 mètres de hauteur, ont rapidement montré les limites d’un travail réalisé sur la seule base du volontariat. C’est grâce à beaucoup d’opiniâtreté certes, mais aussi grâce à l’appel d’associations de réinsertion comme Phare (Patrimoine, Hommes, Restauration, Emergence) ou Tremplin Hommes et patrimoine, à diverses aides locales et à des subventions de la Région et finalement même de l’Europe décrochées au vu des résultats obtenus, qu’aujourd’hui quatre niveaux sont admirablement restaurés (photo ci-contre) et qu’un cinquième est en chantier.

Mais après vint ans d’efforts, beaucoup reste encore à faire. Et surtout de réaliser le rêve des membres de l’association : débarrasser “leur” tour de son hideuse toiture en tôle aussi provisoire qu’indispensable, pour enfin la coiffer à nouveau de la majestueuse charpente et couverture de tuiles plates qu’elle mérite; de la voir enfin à nouveau culminer à cinquante mètre de haut, comme avant ce tragique mois de mai 1920 !

Pour en savoir beaucoup plus et aussi connaître les jours et heures de visite : www.tourdubost.com

Crédit photos : Christian L./Novopress (cc)

Novopress est sur Telegram !

Newsletter

* champ obligatoire
« Novo » signifie, en latin, « renouveler » ou encore « refaire ». Novopress se donne comme objectif de refaire l’information face à l’« idéologie unique ». Mais ce travail de réinformation ne peut pas se faire seul. La complémentarité entre les différentes plateformes existantes doit permettre de développer un véritable écosystème réinformationnel.