Le nouveau numéro de Faits & Documents du 15 juillet au 1er septembre 2012 vient de paraître. Au sommaire, les portraits du gouvernement Ayrault (4ème partie). Extrait.
Voici la suite des biographies du pléthorique gouvernement de Jean-Marc Ayrault, même si les véritables leviers de commande ne sont détenus que par quelques ministres. On voit dans la prolixité des titres (aux termes parfois énigmatiques), la représentation systématique de tous les courants socialistes, la diversité régionale, l’équilibre entre le Sénat et l’Assemblée nationale, la présence du PRG et des Verts, la volonté de François Hollande d’éviter tout affrontement direct avec les élus socialistes alors même que la crise financière et économique connaîtra, sans nul doute, une accélération avant la fin de l’année.
GAROT Guillaume. Ministre à l’Agroalimentaire. Permanent politique, né le 29 mai 1966 à Laval (Mayenne). Il est le fils d’une infirmière et d’un gros agriculteur, Georges Garot, qui fut syndicaliste agricole dans la Mayenne, membre du Conseil économique et social (notamment membre de la section de l’agriculture et de l’alimentation de 1985 à 1986). Délégué général du Parti socialiste à l’agriculture dès 1984, il dirigea son secteur agricole jusqu’en 1994, avant d’entrer au Parlement européen en 1997 (à la suite de diverses démissions). Il sera encore député européen de 1999 à 2004. Curiosité, il est le cousin de Pierre Méhaignerie, ancien ministre et député UDF puis UMP. L’assistante parlementaire de son fils, Rachel Méhaignerie, est d’ailleurs la nièce de ce dernier. Guillaume Garot est passé par le lycée Douanier Rousseau (Laval), Chateaubriand de Rennes (hypokhâgne), Lakanal de Paris (khâgne), avant d’intégrer Paris I-Panthéon-Sorbonne, où il décrochera une maîtrise d’histoire. Il est également diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris. Durant la même période, il sera chargé d’études au Centre d’information sur la formation professionnelle et au Centre de rencontres et d’initiatives pour le développement local (1992-1995). Chef de cabinet (1995-1997) puis directeur de cabinet (1997-2000) de Daniel Vaillant à la mairie du XVIIIe arrondissement de Paris, il suit ce dernier au ministère des Relations avec le Parlement et au ministère de l’Intérieur (2000-2002). Chargé de la rédaction des discours du maire de Paris Bertrand Delanoë (2002-2005), il devient ensuite conseiller politique de Christophe Caresche, maire adjoint à la sécurité.
En parallèle, il poursuit une carrière politique, profitant de l’implantation de son père. Conseiller municipal d’opposition de Laval à partir de 2001 (il conduisait déjà la liste de la gauche plurielle), ce membre du PS depuis 1985 est battu dès le premier tour par François d’Aubert, maire de Laval, aux élections législatives de 2002 dans la 1re circonscription de la Mayenne. Il devient également conseiller général en 2004 et accède rapidement à la présidence du groupe socialiste au conseil général. Premier secrétaire départemental du PS à partir de 2003, il l’emporte (50,6 %), à la surprise générale, en 2007, sur François d’Aubert. Il le bat également en 2008, s’emparant de la mairie de Laval (50,24 %). Ce célibataire endurci est l’un des rares maires à saluer les Gay Pride dans sa commune (cf. Têtu, juillet 2009). Durant les primaires socialistes, il soutient Ségolène Royal, dont il sera le porte-parole. En juin, il est réélu avec 58,5 % face à l’UMP Samia Soultani-Vigneron. Comme l’a indiqué Le Figaro (22 juin 2012), sa nomination doit être perçue comme « un signe (NDA : envoyé par François Hollande) à l’ex-candidate » Ségolène Royal, battue à La Rochelle. Après son entrée dans le gouvernement Ayrault 2, il est remplacé au Palais Bourbon par sa suppléante, Sylvie Pichot, née en juillet 1955, institutrice retraitée et maire de Bais depuis 2008.
CAZENEUVE Bernard. Ministre aux Affaires européennes. Cadre bancaire, né le 2 juin 1963 à Senlis (Oise). Il est issu d’une famille de gauche, son père, instituteur à Senlis, étant l’un des principaux responsables de la fédération du PS de l’Oise. Diplômé de Sciences-Po Bordeaux en 1985, il a échoué au concours de l’Ena. Président de la fédération de Gironde des jeunes radicaux de gauche, membre du comité directeur dès 1982 et de son bureau national de 1985 à 1987, il rejoindra finalement le PS. Il cofondera et présidera le petit club d’influence discrètement mitterrandien, Avenir-Démocratie et sera l’un des animateurs du cercle fabiusien Micromégas de Thierry Coudert (que l’on retrouvera dans les eaux sarközystes de gauche). Chargé de mission à la caisse centrale des Banques populaires (fief maçonnique) de 1987 à…
Photo en Une : Crédit Parti Socialiste (cc) via Flickr