Des ministres français sous influence américaine ?

1 juillet 2012 | Actualités, France, Politique

Plus atlantiste que Sarkozy, c’est possible? La réponse est assurément oui, quand l’on constate que le nouveau gouvernement socialiste abrite plusieurs poulains de la French American Foundation (FAF), un groupe d’influence franco-américain dont l’objectif est de « renforcer la relation franco-américaine considérée comme un élément essentiel du partenariat transatlantique ». Tout un programme !

LA FAF est connue pour sa formation spéciale, les « Young Leaders », annuellement réservée à une dizaine de jeunes surdiplômés. Or, sur les huit socialistes sélectionnés comme Young Leaders depuis… François Hollande lui-même en 1996, cinq viennent d’entrer dans son gouvernement ou son entourage direct: le ministre de l’Economie et des Finances, Pierre Moscovici, recruté en 1996, le ministre de la Santé et des Affaires sociales Marisol Touraine et le conseiller politique de l’Elysée, Aquilino Morelle (1998), le ministre du Redres sement productif, Arnaud Monte bourg (2000) et le ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud- Belkacem (2006). Ne restent sur la touche, pour le moment, que le député de Seine-Saint-Denis Bruno Le Roux, qualifié par beaucoup de « ministrable », et Olivier Ferrand, président du think-tank Terra Nova qui a favorisé l’élection de François Hollande aux primaires socialistes. [Cet article a été publié le 17 juin, depuis Olivier Ferrand est mort brusquement samedi 1er juillet à 42 ans, voir Novopress]

Toutes ces recrues ont été minutieusement choisies et « formées » par la FAF, réseau élitiste inconnu du grand public mais généreusement sponsorisé, entre autres, par la banque Lazard.

A cheval sur Paris et New-York, la fondation a été créée en 1976 par les présidents Ford et Giscard d’Estaing. Young Leaders, son programme phare, vise à développer « des liens durables entre des jeunes professionnels français et américains talentueux, pressentis pour occuper des postes clefs dans l’un ou l’autre pays ».

Au départ, chaque candidat doit postuler et se faire parrainer pour être admis à suivre le programme Young Leaders. Un comité, majoritairement composé d’anciens, opère ensuite une stricte sélection: seuls 13 hommes ou femmes politiques français ont été admis depuis 1995, soit moins d’un politique par an en moyenne !

Etrangement, si le site américain de la FAF se flatte de voir ses poulains arriver en force à la tête de notre pays, le site français n’en pipe pas mot… Sans doute le maintien d’une tradition bien française du respect de la vie privée. D’ailleurs, depuis son élection, les médias français sont restés étonnamment discrets sur le séjour d’étudiant de François Hollande aux Etats-Unis, se contentant de relater ses souvenirs de hamburger et de sauce barbecue… Dommage, car certains de nos plus éminents patrons de presse sont eux-mêmes des anciens du programme Young leaders, voire des copains de promo du président ou de ses ministres – tels Laurent Joffrin (« Le Nouvel Observateur »), Denis Olivennes (Europe 1, « Paris Match » et « Journal du Dimanche »), Matthieu Pigasse, Louis Dreyfus ou Erik Izraelewicz (« Le Monde »)… Ceux qui s’inquiétaient d’un virage anti-atlantiste de François Hollande peuvent se rassurer. Les intérêts des Etats-Unis ont rarement été aussi bien gardés.

Patrick Cousteau

Article de l’hebdomadaire “Minute” du 27 juin 2012 reproduit avec son aimable autorisation. En kiosque ou sur Internet.

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