01/07/2012 – 12h00
BERLIN (NOVOpress) – L’idée est intéressante : pénétrer l’intimité d’Adolf Hitler. Mieux comprendre son caractère ambivalent et son destin à la lumière de sa sociabilité. Un homme qui peut être haineux, mégalomaniaque, destructeur, mais aussi « posé, prévenant, souriant, qui s’exprimait à voix douce », selon le témoignage de Gertrud Junge, l’une des secrétaires du dirigeant national-socialiste. C’est la promesse annoncée dans le titre de l’ouvrage de Pierre Stéphany, Hitler et les siens, dans le cercle des intimes du Führer, aux éditions Ixelles.
Promesse non tenue. L’ouvrage hésite entre une narration classique de l’ascension et de la chute du dictateur et une série décousue de portraits (sans photos). Un récit bancal, lourd, avec des formules plombées ne faisant pas progresser la compréhension historique au sujet d’un « bavard agité au rang de Satan fossoyeur de son peuple ». Pour sa part, Joseph Goebbels est présenté comme « un nabot claudicant, au regard étincelant, à la poitrine creuse », éminence grise du « parti du diable », doublé d’un « incontinent sexuel », etc. Que les choses soient claires : Hitler fut une catastrophe pour l’Allemagne en particulier et l’Europe en général. Mais une telle étude mérite mieux que ces considérations de comptoir de bar.
Car l’auteur est souvent pris en flagrant délit de psychologie de bazar. Information importante ? Hitler « se rongeait les ongles : signes de nervosité ! », écrit Pierre Stéphany. Il aimait sa mère ? Conclusion du journaliste : « L’attachement à la mère, d’après les psychologues, serait un trait que l’on retrouve souvent chez les tueurs en série ». Le docteur Theodor Morell cultive « derrière son profil confortable et ses grosses lunettes une allure énigmatique, asiatique ». Bonjour les clichés !
Ici et là, l’auteur énumère les causes ayant facilité l’arrivée de Hitler au pouvoir. « Des enfants qui mouraient de faim, des familles ruinées, des cadavres dans les rues », avec une crise économique exportée en Europe par les Etats-Unis à la fin des années 1920. Mais aussi, à cause de l’imbécilité du Traité de Versailles et de la menace communiste en Allemagne. Le lien entre ces facteurs et le triomphe de Hitler n’impliquait pas une litanie d’anathèmes. Histoire de rappeler que les conséquences d’une fierté nationale humiliée peuvent être terribles.