Capitalisme rhénan, politique industrielle et préférence communautaire pour sauver l’euro et l’emploi ! Tribune libre de Marc Rousset

21 mai 2012 | Actualités, Économie

Les rafistolages monétaires de la BCE, quelques «obligations projet » et des interventions ponctuelles de la BEI ne serviront qu’à reporter l’éclatement de la zone euro si des mesures structurel les à long terme porteuses d’avenir, de croissance et d’emploi ne sont pas mises en place immédiatement. Le » Ministère du redressement productif « ne doit pas devenir l’ambulancier de service des seules entreprises en difficulté avec des mesures électoralistes aussi démagogiques et inefficaces que coûteuses.

Fin de la logique financière anglo-saxonne de la primauté de l’actionnaire et retour au capitalisme industriel rhénan ainsi qu’à la préférence communautaire

Il faut en finir avec les profits à court terme, les stock options et opposer à la la logique de l’actionnaire, la logique à long terme des parties prenantes de l’entreprise (« stakeholders » ). L’entreprise doit penser avant tout à son développement et à sa survie à long terme. La finalité de l’entreprise n’est pas de satisfaire les intérêts immédiats des actionnaires, mais de prendre aussi en compte les attentes de tous ses ayants droits et plus particulièrement de son innovation, de sa recherche, de ses investissements et de la stabilité de son personnel. Cette contradiction avec les intérêts de l’actionnaire et la pression des analystes financiers est en partie responsable de la désindustrialisation française. Mais la cause première est bel et bien le libre échange mondialiste qui ne met pas en place des droits de douane pour compenser les bas salaires, les coûts sociaux et les charges environnementales , ce qui oblige les entreprises à délocaliser . Le retour à la préférence communautaire est impératif pour la France !

Pour une politique industrielle de la France sous peine d’éclatement de la zone euro

IL faut tout d’abord poser en préambule que sans diminution des coût salariaux français et des prélèvements fiscaux dans les entreprises , sans redressement de la compétitivité, toute politique industrielle est vouée à l’échec car cela équivaudrait à des postures électorales , à élaborer en fait des stratégies industrielles reposant sur du sable.

Une politique industrielle doit contribuer essentiellement à produire des biens sur le territoire national en choisissant des créneaux judicieux afin de les exporter. C’est tout à fait le contraire de ce que vient de faire Renault qui avec son usine de Tanger et sans protection douanière européenne a contribué à la politique industrielle marocaine, mais en aucun cas à une stratégie volontariste industrielle française . Pendant ce temps, les Etats-Unis imposent des droits de douane pour les cellules photovoltaïques provenant de la Chine dont le montant varie de 31% à 250% sur les entreprises !

La France ne pourra pas faire non plus l’économie d’une nouvelle politique énergétique en développant son industrie nucléaire, tout en s’intéressant à quelques énergies renouvelables. IL importera aussi de se poser t sérieusement la question de l’exploitation ou non du gaz de schiste, après avoir engagé toutes les études nécessaires préalables et investi dans des programmes de recherche et de développement sans a priori, comme cela avait été fait avec succès pour de nombreuses réalisations françaises pendant les « trente glorieuses ».

Améliorer l’avantage compétitif français ne signifie pas embaucher des fonctionnaires inutiles pour palabrer sur le sujet avec empilement des fonctions au niveau de l’Etat, des régions, des départements, des communautés urbaines, des villes , et des chambres de commerce et d’industrie. Mais bien de prendre des mesures incitatives et d’apporter des aides efficaces et concrètes aux PME et PMI. IL faut en terminer avec les hôtels de région à 200 millions d’euros, les 22 ambassades inutiles des régions à l’étranger, et les 700 000 fonctionnaires territoriaux tout récemment recrutés !Cela signifie aussi réduire les charges inadmissibles de 76 milliards d’euros par an du coût de l’immigration dont personne ne parle jamais dans le monde politiquement correct.IL importe également de diminuer les prestations sociales laxistes en se limitant aux seules prestations justes ,équitables et nécessaires ! L’Allemagne a donné l’exemple avec son remède de cheval Hartz IV qui , au-delà de sa très grande dureté, montre à la France la direction à prendre sur le chemin du bon sens et du redressement !

L’idée de TVA sociale, au lieu d’être abandonnée pour des raisons démagogiques de diminution du pouvoir d’achat et de la demande devrait au contraire être reprise pour encourager l’offre et la compétitivité des entreprises fabriquant sur le territoire national.

Le risque du décrochage de la France par rapport à l’Allemagne

Le capitalisme rhénan allemand donne des résultats intelligents car les syndicats allemands ne cherchent pas à mettre en danger la croissance et la productivité. Les dernières augmentations accordées en Allemagne, après dix années d’efforts et de vaches maigre devraient encourager la France à limiter au contraire les salaires pour se donner un peu d’oxygène compétitif !

Les creusements des déficits commerciaux français aboutiront sinon à une crise sans précédent avec l’Allemagne qui ébranlera les fondements mêmes de la construction européenne, tout éclatement de l’UE devant au contraire aboutir à une refondation France/Allemagne sur une base carolingienne !

La Chine est en passe de ravir à la France la place de premier partenaire commercial de l’Allemagne. En 2007, les ventes allemandes à la Chine (30 milliards d’euros) ne représentaient qu’un tiers des ventes allemandes à la France(91 milliards).En quatre ans, le commerce avec la France a peu évolué. En revanche les ventes allemandes à la Chine (machines outils et voitures de luxe) ont dépassé les 60 milliards et les importations allemandes de Chine (appareils électroniques et vêtements) les 75 milliards d’euros.

Le déséquilibre franco-allemand de 35 milliards d’euros a représenté la moitié du déficit global français en 2011. Si rien ne change, des ratés inéluctables apparaitront dans le couple franco-allemand soi-disant moteur de l’Europe tandis que le Lombard Mario Monti montre l’exemple des mesures structurelles à prendre pour améliorer la nécessaire et insuffisante compétitivité française !

En conclusion, la France s’installe dans un déficit structurel créé par sa désindustrialisation et son manque de compétitivité. La France et l’Allemagne doivent faire émerger un nouveau modèle industriel avec une harmonisation fiscale et sociale. Un rapprochement et une collaboration avec la Russie s’impose également. Rien ne résistera à long terme aux pays émergents, aux Etats-Unis et à la Chine, pas même l’Allemagne, si la préférence communautaire n’est pas rétablie et si la France ne met pas en place immédiatement une politique industrielle tout en s’inspirant davantage des vertus du capitalisme rhénan .

Marc Rousset, économiste, écrivain, auteur de « La Nouvelle Europe Paris-Berlin-Moscou »

Image en Une : logo fait d’après le modèle de celui de la douane allemande.
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