20/05/2012 – 17h30
PARIS / VIENNE (NOVOpress) — Les OGM seraient-ils l’avenir, comme nous le promettent leurs producteurs, ou seraient-ils dangereux, tant on n’a guère de connaissances – faute aussi du recul nécessaire – sur l’impact de ces semences sur la santé et les problèmes posés par leur dissémination ? Toujours est-il que les incessants palabres à leur sujet donnent une bonne illustration du fonctionnement compliqué et opaque des institutions européennes : la Commission européenne, sous la pression des lobbies agraro-industriels, voudrait les imposer ; de nombreux états membres, sous la pression populaire, appliquent au moins le principe de précaution ; le Parlement… parlemente.
La fragilité juridique des divers moratoires mis en œuvre par les États pour se protéger, et les controverses sans fin qui s’en suivent, ont conduit en juillet 2010 la Commission à accorder aux États membres la liberté d’interdire les OGM.

Franz Obermayr
Face au projet de la Commission de définir un seuil de tolérance pour les OGM non autorisés dans l’UE, il tonne : « le jeu est bien rôdé, mais il ne me plait pas plus qu’auparavant ! ». « Lors de l’introduction d’une réglementation à ce sujet pour l’alimentation animale, on nous a garanti une tolérance zéro en ce qui concerne l’alimentation humaine », continue-t-il. « À l’évidence, tout cela est caduque, et on nous jure maintenant qu’il serait hors de question d’envisager un seuil de tolérance de contamination pour les semences. Il est donc prévisible qu’à moyen terme, la tolérance zéro pour les semence aura également vécu ».
Viendra donc probablement le jour où les producteurs de semences génétiquement modifiées voudront tout à coup faire valoir leur “propriété intellectuelle”. L’ensemble de la chaine de production alimentaire et le ravitaillement de la population s’en trouveront alors d’un coup sens dessus-dessous.
« Les européens ne veulent pas d’OGM dans leur assiette » clame Obermayr. « Il faut que la Commission l’accepte et ne cherche pas toujours à nouveau des pistes pour complaire à l’industrie et éviter des frictions avec l’OMC. Ce choix de fonctionnement fort peu pertinent ne fait qu’amener de l’eau au moulin de ceux qui associent Bruxelles avec le mépris des citoyens et une trop grande écoute des intérêts industriels ».
Photo en Une : myri_bonnie via Flickr (cc)