Le bilan africain de Nicolas Sarkozy, éditorial par Bernard Lugan.
En Afrique, à l’exception peut-être de M. Ouattara, personne ne regrettera le président Sarkozy dont la partie africaine du quinquennat débuta le 26 juillet 2007 par le maladroit et inopportun « Discours de Dakar ».
En déclarant devant les élites sénégalaises que « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire », Nicolas Sarkozy qui avait peut-être voulu prononcer son « Discours de la Baule », donna en effet de lui une image d’arrogance européocentrée dont il n’est plus parvenu à se détacher. D’ailleurs, de quelle « Histoire » voulait-il parler ? Si c’est de celle des droits de l’homme et de la démocratie, à ce compte là, la Chine multimillénaire n’y est pas davantage entrée que l’Afrique…
L’autre image que Nicolas Sarkozy laissera en Afrique est celle d’un président qui n’aura cessé d’abandonner ou de trahir ses « amis ». Après avoir reçu Mohammar Kadhafi avec une pompe et un faste indécents, il lui déclara ensuite la guerre. De même, les pays riverains rechignant devant son projet d’Union pour la Méditerranée, il courtisa le chef de l’Etat syrien, M.Bachar el Assad, pour l’engager à participer au sommet de Paris au mois de juillet 2008. L’Union y naquît grâce au soutien des présidents Moubarak et Ben Ali. Or, dès que le vent mauvais médiatique eut tourné, il les traita tous trois comme des pestiférés.
En revanche, le président français fut d’une rare « compréhension » avec Paul Kagamé qui ne cessa pourtant jamais d’insulter la France et son armée. Certes, une normalisation avec le Rwanda était souhaitable, mais pas au prix d’une humiliation permanente s’expliquant à la fois par une totale méconnaissance du dossier et par le rôle exorbitant et insolite tenu au sein même de l’appareil d’Etat par de hauts responsables acquis aux thèses de Kigali.
Après les fautes comportementales et morales, deux grandes erreurs furent commises durant ce quinquennat incohérent en matière africaine. Il s’agit des interventions en Côte d’Ivoire et en Libye qui furent des réussites sur le plan technique grâce au professionnalisme d’une armée française dont les moyens avaient pourtant été rognés.[…]
Sommaire du N° 29 de « L’Afrique Réelle »
Actualité
La nouvelle guerre du Soudan
Le Mali : entre enlisement et partition
Le Maroc au milieu du gué
Dossier : le rapport d’expertise qui coûta la vie au président Habyarimana a-t-il une valeur scientifique ?
– Révélations explosives sur l’expertise communiquée aux parties civiles par le juge Trévidic
– Les limites, les insuffisances et les contradictions d’une expertise
– Les doutes du colonel Marchal