28/04/2012 – 12h00
MUNICH (NOVOpress) – Professeur d’histoire contemporaine à l’université d’Aberdeen (Ecosse), Thomas Weber s’intéresse dans son ouvrage intitulé, « La Première guerre d’Hitler », au destin du 16ème régiment bavarois d’infanterie de réserve (16ème RIR), plus connu sous le nom de régiment List, où le futur dictateur national-socialiste servit durant la Grande Guerre.
Le récit plonge le lecteur dans l’apocalypse de la Première Guerre mondiale qui fut une horreur pour les Européens et une catastrophe pour l’avenir du continent. La boue, les rats, les tranchées inondées par la pluie, l’odeur des cadavres en décomposition, baignant « dans un jus d’organes liquéfiés », provoquant des effluves « intenses et écœurants, douceâtres mais sûrement pas comme les émanations des fleurs. Ils se situent quelque part entre les fruits pourris et la viande putréfiée », témoigne un combattant bavarois.
Thomas Weber s’attaque à la thèse orthodoxe de troupes galvanisées par un élan militariste et hypernationaliste dès 1914. Pour ce spécialiste des relations internationales et de l’Europe, « les traits culturels communs aux protagonistes, des deux côtés du front, étaient largement capables de contrebalancer les haines cultivées au fil de l’histoire ». L’auteur a épluché les cartes postales envoyées du front par les soldats du régiment List ou d’autres unités de l’armée allemande. Elles « ne comportent ni apologie de la violence guerrière, ni slogans patriotiques ». Leur motivation ? « Les soldats persistent à penser que la cause défendue par leur pays est juste », analyse l’historien.
L’auteur écossais remet en cause également l’image d’un Hitler héroïque pendant ces années de guerre. Certes, le futur maître du Troisième Reich a été décoré de deux croix de fer en 1918, médailles récompensant la bravoure. Mais pour Thomas Weber, ces distinctions relèvent de la proximité du soldat Hitler avec les officiers dans son rôle d’estafette pour l’état-major. Un pavé de 430 pages aux éditions Perrin qui se lit pourtant d’une traite grâce à une plume érudite et vivante.