23/04/2012 – 12h20
PARIS (NOVOpress via le Bulletin de réinformation de Radio Courtoisie) – La première surprise c’est la participation de 80 %. C’est un peu moins qu’en 2007 qui avait connu une affluence record de 84 % mais c’est beaucoup mieux que les 72 % de 2002.
La deuxième surprise c’est l’excellent score de Marine Le Pen avec 18 % elle dépasse largement les 10 % de son père en 2007 et même ses 16 % atteints en 2002. Les sondeurs se sont trompés en la situant autour de 15 %. Le vote Front national n’apparaît plus comme un vote protestataire mais comme un vote d’adhésion. Maître Gilbert Collard demandait « Que les électeurs du Front national soient traités normalement, qu’ils soient reconnus aussi bien sur le plan humain que sur le plan politique ». Dans de nombreux départements Marine Le Pen arrive en deuxième position et même en première position dans le Gard et de nombreuses villes.
Du côté du candidat sortant ?
Pour Nicolas Sarkozy c’est la douche froide. En 2007 il avait réussi à siphonner l’électorat du Front national en dépassant les 31 % devançant la candidate socialiste de plus de cinq points. Cette fois-ci il atteint tout juste 27 % et se retrouve en deuxième position derrière son adversaire socialiste. Il faut souligner que jamais sous la Ve République le candidat sortant n’était arrivé deuxième.
Peut-on parler d’un grand succès du PS ??
Un succès, pas un triomphe. Avec 28,6 % des voix François Hollande dépasse d’un peu de plus de deux points le score de son ex-compagne, mais arriver en tête lui donne un avantage psychologique certain. Il faut souligner que si l’ensemble de la gauche progresse, la droite est majoritaire dans le pays avec 47 % contre 44 %.
Du côté de Mélenchon
La baudruche Mélenchon s’est dégonflée. Celui que tous les sondeurs voyaient à 16 % en réalise 11. Ce qui n’est pas rien si l’on considère que 5ans plus tôt le PC était en dessous de 2 % .Mais Mélenchon n’a pas été le troisième homme que certains sondeurs espéraient.
Et pour François Bayrou ?
François Bayrou est cruellement déçu. Avec 9 % il ne réalise même pas la moitié de son résultat de 2007. Alain Juppé et Jean‑Pierre Raffarin ont fait preuve de peu de sens politique en l’évoquant comme un éventuel Premier ministre d’un Sarkozy bis.
Les écologistes
Eva Joly fait un score à peine moins ridicule que Dominique Voynet en 2007 2,3 % au lieu de 1,6 %.
Du côté des autres candidats ?
Nicolas Dupont-Aignan Avec 1,8 % fait moins bien que Philippe de Villiers il y a cinq ans. Les deux candidats trotskystes, Poutou et Nathalie Artaud avec chacun autour de 1 % font moins que leurs prédécesseurs. La candidature semi-fantaisiste de Jacques Cheminade compte pour ce quelle est, des broutilles.
L’après-1er tour dans une vision prospective…
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le deuxième tour n’est absolument pas joué, contrairement à ce que serinent les médias officiels depuis hier soir. Certes Nicolas Sarkozy semble avoir moins de réserves de voix que François Hollande, mais l’arithmétique en la matière est délicate. Il se pourrait que l’abstention soit plus forte dans deux semaines ; mais surtout les scores de Marine Le Pen et François Bayrou, officiellement autonomes, ne permettent pas de s’additionner de façon nette pour dégager une victoire. Il va donc falloir attendre que le candidat centriste et la présidente du FN en disent un peu plus. Si François Hollande est le favori, Sarkozy a encore des atouts en main, et notamment ses capacités rhétoriques et sophistiques dans le débat du deuxième tour. A ce sujet, Sarkozy a proposé trois débats, Hollande a refusé.
Quid de Mélenchon ?
Le discours de Jean-Luc Mélenchon est plus ambigu que ce que les commentateurs en ont bien voulu dire. Dans son discours d’hier soir, s’il appelle à voter Hollande, il précise que c’est juste pour « battre Sarkozy ». Il donne rendez-vous à ses électeurs aux législatives et veut que les socialistes gagnent la présidentielle afin d’être leur aiguillon. Dans ce discours, Mélenchon a procédé à une critique très virulente contre François Hollande. Pour exister, il doit être un allié nuancé du PS : allié pour avoir des élus, nuancé pour être crédible aux yeux de ses militants. Le séant entre deux chaises : c’est ce qui s’appelle une position inconfortable.
Quel avenir pour le Front national ?
En 2007, Sarkozy s’enorgueillissait d’avoir tué le Front national. Or ce même FN n’a jamais été aussi vigoureux qu’aujourd’hui. En renvoyant dos à dos Hollande et Sarkozy, Marine Le Pen s’inscrit dans une voie d’indépendance revendiquée et hier soir, elle n’a même pas évoqué le deuxième tour. Pour Florian Philippot, elle devient de fait le « chef de l’opposition ». Les élections législatives vont avoir une importance capitale pour transformer cet essai : la tâche n’est pas évidente lorsqu’on sait que l’oligarchie UMPS a mis en place un système majoritaire qui profite toujours aux mêmes et donne un Parlement assez peu représentatif du paysage politique français. Quoi qu’il en soit, hier, le score de Marine Le Pen était le sujet principal à la télévision et ses électeurs étaient courtisés par l’UMP comme le PS ; son discours du 1er mai sera donc très attendu.
Crédit photo : Pierre-alain dorange via Wikipédia, licence CC.