Histoire : Rommel et Canaris étaient-ils des partisans convaincus de Hitler ?

6 avril 2012 | Actualités, Culture, Europe

06/04/2012 – 11h00
BERLIN (NOVOpress) –
Une vraie tendance très… tendancieuse. Depuis quelques années, de jeunes historiens s’évertuent à transformer des figures connues du IIIème Reich, qui ont payé de leur vie leur résistance à Hitler, en fidèles serviteurs du maître du national-socialisme. Le phénomène a commencé en 2009 avec la biographie d’Erwin Rommel. L’historien canadien, Benoît Lemay, présentait le plus connu des généraux allemands de la Seconde Guerre mondiale en « partisan convaincu de Hitler ». Pourtant, en octobre 1944, le régime nazi poussa au suicide le « Renard du désert », qui avait eu le courage à maintes reprises de dire ses quatre vérités au Führer : guerre perdue, nécessité d’une paix séparée avec les Alliés, etc.

Rebelote depuis quelques jours, avec cette fois la biographie de Wilhelm Canaris, le chef des services secrets du IIIème Reich. Pour son auteur, Eric Kerjean, le patron de l’Abwehr « était le parfait nazi, convaincu, déterminé et loyal ». Jugement expéditif sur un homme qui fut déporté, torturé et enfin pendu dans d’atroces conditions par les SS au camp de concentration de Flossenbürg en avril 1945 !

Les parcours d’Erwin Rommel et de Wilhelm Canaris sont complexes. Ils ont été un temps fascinés par Hitler, à l’image de très nombreux compatriotes. Comme le rappelle Dominique Venner dans son dernier ouvrage, « L’imprévu dans l’Histoire », le choix de vrais patriotes allemands en faveur de Hitler dans les années 1930 est le reflet « d’un peuple humilié, sevré d’années de violence et de désordres politiques, un peuple que la grande crise de 1929 a précipité dans la hantise du chômage et de la misère ». Puis, devant les crimes du régime hitlérien et sa mise à feu et à sang de l’Europe dans les années 1940, ils feront le choix de la résistance.

A force de vouloir à tout prix démystifier leur sujet, les analyses d’Erik Kerjean et de Benoît Lemay manquent de subtilité. Dommage. Pourtant, au détour d’une page, Benoît Lemay reconnaît que Rommel n’est pas le partisan convaincu de Hitler, thème racoleur de sa thèse. L’historien note ainsi que l’illustre militaire allemand n’a rien d’un « national-socialiste convaincu (…), il personnifiait d’une manière exemplaire le destin de millions d’Allemands (…). Il avait suivi le Führer, qui avait restauré l’amour-propre d’une nation humiliée par la défaite de 1918 dans un destin funeste en croyant qu’il ne faisait que son devoir ». Exactement le même point de vue que Dominique Venner. Mais le mal a été fait dans ces deux ouvrages très manichéens.

Crédit photos : Deutsches Bundesarchiv/Wikipédia sous licence CC

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