03/04/2012 – 12h45
LEIPZIG (NOVOpress via Berliner Zeitung) — Où en sont donc ces énergies renouvelables si souvent invoquées pour remplacer le nucléaire, mais surtout pour garder l’espoir de préserver le doux confort de notre société consumériste sans privation aucune ?
En Allemagne, l’éolien a fait des progrès considérables depuis l’époque où le lobby nucléaire se moquait volontiers de son faible rendement et de ses performances aléatoires : les multiples parcs éoliens en font foi. Et l’on s’est donné les moyens, grâce aussi à de généreuses subventions, de capter un peu de cette énergie solaire atteignant la terre, et qui serait 15 000 fois supérieure à nos besoins. Les cristaux de silicium, d’un rendement d’à peine 4% dans les années 50, affichent aujourd’hui couramment 20% et même 40% en laboratoire, et la recherche s’efforce aujourd’hui de transformer la lumière en énergie en faisant appel aux technologies micro-électriques et autres cellules à couches minces, pour se libérer de l’onéreux silicium. Avec l’encouragement que peuvent prodiguer des subventions atteignant des milliards, une véritable « vallée solaire » s’est créée autour de Bitterfeld-Wolfen, au nord de Leipzig (ex-RDA) dans une ancienne zone d’extraction de lignite sinistrée.
Mais tout cela appartient déjà à l’Histoire, car aujourd’hui on apprend la liquidation judiciaire de Q-cells (> www.q-cells.com), un des leaders européens du secteur qui a aussi des filiales en France, et qui était en difficultés depuis 2009.
Une nouvelle occasion de montrer du doigt la concurrence asiatique et surtout chinoise : « Les Chinois ont bien saisi le fonctionnement du capitalisme. Ils ont déjà rôdé le système avec les minerais rares si indispensables aux technologies de pointe. On submerge le marché de produits au rabais aussi longtemps qu’il le faut pour que toute la concurrence mette la clé sous la porte, puis on crée d’un coup la pénurie pour faire flamber les prix ». Aujourd’hui, c’est le photovoltaïque qui est victime de ce mécanisme, avec pour résultat une cascade de faillites, des milliers d’emplois perdus et surtout un savoir-faire menacé. Une situation qui incite le Berliner Zeitung, pourtant plutôt ancrée à gauche, à réclamer « une dose de protectionnisme et des barrières douanières ».
Mais, et n’en déplaise à tous nos « Verts », il est prévisible que les retombées de la mondialisation sur les énergies dites alternatives n’en restent pas là. Si l’Allemagne a enregistré de grands succès en matière d’éolien, la Chine s’est haussée l’an dernier au premier rang mondial en matière de construction d’éoliennes, même si ces dernières restent – très provisoirement sans doute – encore peu fiables. Le rêve d’une indépendance énergétique allié à une croissance infinie, même rebaptisée développement durable, n’était-il donc que vanité et poursuite du vent ?
Crédit photo : © Q-Cells