Italie : La banque des immigrés condamnée pour racisme

28 mars 2012 | Actualité internationale, Actualités, Europe

24/03/2012 – 12h00
MILAN (NOVOpress) –
Il y a juste deux ans, en mars 2010, naissait en grande fanfare à Milan, Extrabanca, « le premier établissement de crédit en Italie destiné aux citoyens immigrés ». La banque voulait être « l’interlocuteur de référence des étrangers qui résident en Italie, en leur offrant des produits simples, des documents disponibles en diverses langues et des horaires d’ouverture prolongés» et, surtout, « un personnel à 55% étranger ». L’offre comportait des produits d’épargne, des prêts immobiliers, des financements, des envois d’argent dans les pays d’origine. Des concours devaient permettre aux clients de gagner des billets d’avions pour leurs pays d’origine. « Nous sommes la première banque multiethnique et avec un personnel multiethnique, qui met réellement au centre le client immigré en Italie », déclarait triomphalement Andrea Orlandini, président et fondateur d’Extrabanca.

Les perspectives, et pour cause, étaient grandioses. L’objectif était d’arriver, d’ici 2015, à un total de 40 filiales et 130.000 clients, avec 90 millions d’euros de recettes pour 15 millions d’euros d’investissement, « en s’adressant à une cible qui, selon les prévisions, atteindra 6,5 millions d’unités en 2012 ». Rien qu’à Milan, expliquait Orlandini, « vivent actuellement 430.000 immigrés, à la tête d’environ 20.000 entreprises ». Parmi les principaux actionnaires figure notamment le groupe Assicurazioni Generali (premier assureur italien et troisième assureur européen), qui détient plus de 12% du capital.

« Nous sommes, précisait Orlandini, une banque commerciale privée, avec des actionnaires qui désirent avoir un retour sur leurs investissements », mais il s’agit évidemment d’une « initiative à forte valeur sociale, qui entend rendre leur dignité aux immigrés, en faisant de nouveau d’eux des protagonistes ».

Cette alliance d’immigrationnisme et d’affairisme avait tout pour séduire le président de la République italienne, le dinosaure communiste Napolitano, qui avait envoyé un communiqué officiel pour saluer « un instrument utile pour favoriser le processus d’intégration et renforcer la cohésion sociale ».

Las, la réputation d’Extrabanca a pris un coup lundi, quand le tribunal du travail de Milan l’a condamnée pour insultes racistes. Le premier coupable n’est autre que le président Orlandini en personne. Quand un employé d’origine sénégalaise, mais possédant la citoyenneté italienne grâce à son mariage avec une Italienne, lui a annoncé son intention de se présenter aux élections municipales, le président « a cherché à l’en dissuader, en l’assimilant aux tziganes et aux musulmans qui veulent ruiner Milan ». Orlandini a ensuite déclaré que l’employé et un de ses collègues immigrés étaient « deux nègres africains qui créaient trop de problèmes », qu’ « avoir trop de nègres ne pouvait pas être favorable à la banque » et qu’il aurait mieux valu recruter « une personne de couleur plus claire ».

Un autre cadre dirigeant a dit à l’Italo-Sénégalais que « les étrangers ont trop d’exigences, surtout ceux qui ont la citoyenneté italienne et qui doivent savoir qu’ils sont des invités ». Il est arrivé aussi qu’un directeur sorte d’une réunion en prononçant « des expressions à arrière-plan raciste, comme “nègres” et “étrangers non-européens” de manière péjorative ».

Compte tenu des positions dirigeantes des trois personnes impliquées, l’entreprise a été jugée responsable. Elle a été condamnée à verser 5.000 euros de dédommagement à l’employé et à afficher dans son siège un communiqué « qui invite tout le personnel à s’abstenir, dans les rapports entre collègues et dans les réunions de travail, d’employer des expressions vulgaires ou insultantes à arrière-plan racial ». La banque parle de décision « surréaliste » et a annoncé qu’elle allait faire appel.

Image : copie d’écran de Libero Quotidiano.it. DR
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