18/02/2012 – 14h50
EDIMBOURG (NOVOpress Breizh) – De plus en plus préoccupé par la perspective de voir l’Ecosse accéder à l’indépendance, le Premier ministre britannique s’est rendu jeudi à Edimbourg pour rencontrer son homologue écossais, le leader du SNP Alex Salmond, afin de plaider pour le maintien de l’Union. Un maintien semble-t-il de plus en plus incertain.
Si David Cameron s’est résigné à accepter le principe de la tenue d’un référendum, la date et le contenu de la question qui serait posée opposent indépendantistes et unionistes. Le gouvernement britannique veut en effet que la consultation se tienne rapidement, alors qu’Alex Salmond ne l’envisage pas avant l’automne 2014.
Il ressort en effet des études d’opinion que plus le temps passe, plus l’idée d’indépendance progresse. Depuis deux ans, si la plupart des enquêtes prévoient une victoire du « non », on rencontre de plus en plus de résultats où le «oui» pourrait l’emporter. Selon un sondage réalisé par le Hérald en septembre dernier 39 % des Ecossais se sont déclarés pour l’indépendance contre 38% contre. Une tendance confirmée par le journal The Independent le mois suivant, avec un score de 49% en faveur de l’indépendance. Alex Salmond a aussi l’intention de modifier l’âge du droit de vote – qui serait accordé à partir de 16 ans – au motif que les sondages établissent que c’est dans la jeunesse que l’idée d’indépendance est la plus populaire.
Autre désaccord entre Londres et Edimbourg : le contenu du référendum. Le gouvernement britannique – tablant sur une victoire du « non » – entend que soit posée la seule question de l’indépendance, se réservant la possibilité d’accorder par la suite à l’Ecosse un peu plus de décentralisation. Alex Salmond veut quant à lui interroger simultanément les Ecossais sur l’indépendance totale et sur une extension de l’autonomie – une alternative qui aurait des chances de l’emporter en cas de rejet de l’indépendance totale.
Autre question qui oppose partisans et adversaires de l’Union : une Ecosse indépendante serait-elle fiable économiquement ? Les unionistes avancent que l’Ecosse serait réduite à un petit marché de 5 millions de personnes, que l’utilisation de la livre pourrait être remise en question, que Londres fermerait le robinet des subventions et qu’il faudrait combler le passif de la Royal Bank of Scotland. Des arguments que balaye Alex Salmond, qui estime au contraire que l’Ecosse verrait sa croissance dopée par l’indépendance.
« Si nous étions indépendants, nous pourrions tirer le meilleur profit de nos ressources énergétiques incomparables » a-t-il affirmé dans un discours prononcé mercredi dernier devant les élèves de la prestigieuse London School of Economics. Expliquant que l’Ecosse dispose « de 25% du potentiel européen en matière d’énergie marée motrice, de 25% de son potentiel en matière d’éoliennes en mer et de 10% de son potentiel en matière d’énergie houlomotrice (énergie tirée des mouvements de la mer)» Alex Salmond s’est exclamé « pas mal pour une nation qui représente moins de 1% de la population européenne ! ». Poursuivant son raisonnement, le Premier ministre écossais a affirmé sa conviction que ces énergies renouvelables permettront la ré-industrialisation de son pays.
« Je ne suis pas là pour suggérer que l’Écosse seule ne pourrait pas trouver sa voie dans le monde, a reconnu David Cameron. L’Écosse pourrait se gouverner seule mais on le fait tellement mieux ensemble.» Plaidant à Edimbourg pour une union « libre » de nations, « plus fortes, plus sûres, plus riches et plus justes » ensemble, le Premier ministre britannique n’a pas hésité pas à rappeler « le passé historique et les réalisations du Royaume-Uni, de la BBC au système de santé, de la victoire de Waterloo à celle contre Hitler et, plus récemment, face au régime de Kadhafi en Libye. ». Pas sûr que ces arguments « de tête, de cœur et d’âme » aient convaincu le public écossais.