17/02/12 – 17h00
PARIS (NOVOpress) – Séance difficile au Parlement européen mercredi pour le Premier Ministre italien Mario Monti, qui était reçu en assemblée plénière. Le chef de file des députés de la Ligue du Nord, Francesco Speroni, ancien ministre des réformes institutionnelles du gouvernement Berlusconi – avant d’être envoyé au Parlement européen comme un peu trop radical –, a rappelé « les grandes compétences financières » de Monti, acquises notamment « dans des cercles restreints comme Bilderberg et la Trilatérale ». Speroni a ensuite évoqué le récent voyage de Monti « à Wall Street pour rencontrer les maîtres de cette finance internationale qui nous a réduits à l’état que les citoyens de l’Union européenne et en particulier ceux de l’Euroland connaissent bien, à partir de leurs propres portefeuilles. Je me demande encore si vous avez rencontré vos complices ou vos maîtres ».
« Complices – a poursuivi Speroni – puisque, en tant que commissaire européen pendant dix ans, vous partagez la responsabilité de la situation économique et financière de l’Union. Maîtres, parce que, depuis que vous avez revêtu la charge de chef de gouvernement, sans passer par des élections démocratiques, vous vous employez brillamment à piller les contribuables, en jouant le rôle de receveur officiel de la finance internationale ».
Le nouveau Président du Parlement européen, le social-démocrate allemand Martin Schulz (généralement connu en Italie comme le kapo, depuis que Silvio Berlusconi lui avait donné ce surnom en 2003) a coupé la parole à Speroni, en lui éteignant son micro. Mais le mauvais quart d’heure de Monti n’était pas tout à fait terminé puisque l’intervenant suivant, le député européen français Bruno Gollnisch, l’a interrogé sur son manque de légitimité démocratique.
Monti n’a pas répondu à Speroni, qu’il a préféré couvrir de son ironie méprisante: « J’attends de pouvoir examiner le texte écrit de l’intervention, en raison de la complexité des points philosophico-systématiques qu’elle présente ». « Monti, a riposté Speroni, a essayé de me tourner en ridicule. Moi, au Parlement européen, je fais de la politique, pas de la philosophie. Je n’utilise pas les grands mots dont Monti a l’habitude dans les amphithéâtres universitaires. Je fréquente les gens normaux, je m’exprime simplement ».
Monti a répondu en revanche à Bruno Gollnisch, en français, et a reconnu avec une remarquable franchise, ou peut-être avec un remarquable cynisme, qu’il n’avait aucune légitimité démocratique. « Mais si on vous avait demandé à vous de prendre les rênes de votre pays dans un moment de difficulté, je ne sais pas si vous auriez refusé parce que vous n’aviez pas de légitimité démocratique ».
On reconnaît le modèle de la dictature romaine, très en vogue sous le fascisme. La démocratie italienne, depuis 1945, avait généralement évité de s’y référer, car, de la dictature à la romaine à la dictature tout court, la pente est aisée.
Image en Une : copie d’écran de la vidéo ci-dessus sur YouTube.