[Littérature] Jerôme Leroy fantasme à Bloc – Par Xavier Eman

15 février 2012 | Actualités, Culture, France

« L’extrême droite », on n’en veut pas chez soi, pas dans son entourage, et bien sûr surtout pas au pouvoir, mais par contre sur les étals des boutiquiers, là, on en veut bien, et pour tout dire, munie d’un code barres et d’une étiquette de prix, on l’adore même carrément !

Parce que voyez-vous, « l’extrême droite », ça fait vendre, du papier notamment, surtout avec « la vague Marine » qui passionne dans les chaumières. Alors, de la rageuse Caroline Fourest à la non moins hargneuse Laurence Parisot, tout le monde y va de son petit opuscule, de ses quelques feuillets vite torchés mais qui vont immanquablement « buzzer » puisque tout ce qui touche de près ou de loin à la « bête immonde » fait frétiller les puceaux et mouiller les pisseuses.

Jérôme Leroy, le communiste qui pige à Valeurs Actuelles, ce qui est un peu le comble de la « rebellitude » sans risque, ne déroge pas à la règle, certes avec un peu plus de talent (mais ce serait presque pour le coup une circonstance aggravante), et nous offre donc son petit « roman noir » de « politique-fiction » autour du FN rebaptisé « Le Bloc ».

Difficile, en lisant ce livre, de ne pas être très rapidement accablé par l’invraisemblable accumulation de poncifs, de caricatures et de fantasmes sur la vilaine « extrême droite ». Tout y est, vraiment tout : les barbouzes patibulaires, les maniaques sexuels, les pédés refoulés ou pas, les tortionnaires, les caches d’armes, les toxicos, les docteurs maboules et sadiques, les skins qui dépècent des beurettes (si ! si !)… Il ne manque plus que Frankensetin et Adolf cryogénisé pour que le tableau soit complet !

Enfin au moins c’est clair : à l’extrême droite, on ne trouve pas une seule personne saine d’esprit, équilibrée et motivée par des convictions politiques sincères et cohérentes, il n’y a que des névrosés et des pervers, des tordus et des frustrés dont les raisons de l’engagement peuvent aller, au mieux, de la misère affective et sociale à, au pire, la passion criminelle et sadique. Amis de la nuance et de la subtilité, passez votre chemin !

Quand on pense que certains folliculaires ont reproché à Leroy d’avoir dépeints des fascistes « sympathiques », cela donne une idée du niveau auquel est tombée la critique… On se demande en effet qui est le plus sympathique de tous ces joyeux drilles, celui qui a « tué son premier arabe à 16 ans » (sic) en lui enfonçant les yeux dans les orbites avec les pouces ou celui qui se tape de la coke en reniflant les petites culottes de sa femme ? Personnellement, mon cœur balance…

Aspect peut-être le plus tragi-comique du bouquin, la vision para-militaire, surarmée et ultra-entraînée des services d’ordre et de sécurité du Bloc-FN… Quand on connaît un peu ce milieu de l’intérieur, il y a vraiment de quoi se taper le cul par terre… surtout en repensant aux braves retraités ventripotents et aux quelques crânes rasés imbibés du DPS que Leroy nous transforme en concurrents des commandos parachutistes du 11e Rep…

Bref, au final, ce livre plaira à deux catégories de lecteurs : les fafs mythomanes et les antifascistes compulsifs. Pour tous les autres, mieux vaut, et de loin, relire le « Fasciste » de Marignac…

Xavier Eman

Texte tiré du numéro 7 de la revue Livr’arbitres , 36 bis rue Balard, 75015 Paris. Publié avec son aimable autorisation. Pour voir le sommaire de ce numéro, cliquer ici.
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