08/02/12 – 08h00
MILAN (NOVOpress) – « Insoupçonnable » : c’est du moins ainsi que le journal local, La Gazette de Mantoue (copie d’écran en image à la Une), présente Abouelala Abdelkarim, qui vient d’être arrêté par la police, dans le cadre du démantèlement d’une organisation qui se consacrait au trafic de faux papiers. L’arrestation d’Abouelala Abdelkarim, la dernière en date, est la septième dans cette affaire depuis mi-janvier. L’organisation fabriquait, moyennant plusieurs milliers d’euros, de faux papiers pour faire entrer en Italie des immigrés clandestins. La loi italienne prévoyant que les permis de séjour ne sont donnés qu’aux immigrés qui justifient d’avoir un employeur, le procédé consistait à fabriquer de fausses demandes de main d’œuvre de la part d’entreprises agricoles. Une fois arrivé en Italie, l’immigré disparaissait sans laisser d’adresse. Accessoirement, le procédé permettait aux lobbies immigrationnistes de « prouver » que l’économie italienne avait un criant besoin de travailleurs immigrés…
Insoupçonnable, c’est bien vrai. Abouelala Abdelkarim, né au Maroc en 1966, arrivé en Italie en 1990, est bien connu à Viadana, une ville de 20.000 habitants dans la province de Mantoue. On l’y appelle simplement Karim, c’est vous dire. Porte-parole de la communauté musulmane, « il a pris à plusieurs reprises la défense des Marocains, des musulmans et des étrangers en général, en luttant, c’est le journal qui l’écrit, contre les injustices commises par les Italiens ». Il avait notamment dénoncé les lenteurs bureaucratiques dans la délivrance des permis de séjour et réclamé le droit de vote pour les immigrés. Il avait aussi représenté la communauté musulmane pour obtenir la construction à Viadana « d’un centre culturel avec lieu de culte », et vivement dénoncé la municipalité, pourtant de centre gauche, qui, selon lui, ne soutenait pas suffisamment le projet.
« Bien intégré, parlant couramment l’italien », Abouelala Abdelkarim avait obtenu en 2005 la citoyenneté italienne. Il s’était alors lancé dans la politique, devenant membre du secrétariat provincial du Parti Communiste Italien, où il était responsable à l’immigration. En mai 2011, Abouelala Abdelkarim figurait sur la liste communiste aux élections provinciales, où il était présenté comme « président d’une coopérative de travail ». Monica Perigini, secrétaire régionale communiste, prend aujourd’hui ses distances : «Karim ? Il y a quatre ou cinq ans que je ne le vois pas. Je ne savais même pas qu’il était encore en Italie » !
Insoupçonnable, on vous dit.