04/02/2012 – 12H30
CARDIFF (NOVOpress Breizh) – Les nationalistes gallois envient le succès de leurs homologues écossais. Mais la victoire électorale du SNP est due au ralliement d’électeurs centristes. En cherchant à orienter le Plaid Cymru vers une politique d’extrême-gauche, certains milieux britanniques voudraient probablement l’engager dans une voie sans issue.
L’Écosse va-t-elle contaminer le Pays de Galles ? La question se pose depuis que le Scottish National Party a pris le pouvoir à Holyrood, le parlement écossais. Son succès a bien sûr donné des idées à son homologue gallois, le Plaid Cymru. Pourrait-il à son tour obtenir la majorité des sièges à l’Assemblée nationale galloise lors de la prochaine élection générale, en 2016 ?
Si le Plaid Cymru l’espère, les Travaillistes, actuellement majoritaires, le craignent. Et il est probable que de grandes manœuvres ont commencé en coulisses pour entraver la progression des nationalistes :
La mécanique de la victoire du SNP est claire : il a bénéficié d’un fort recul des Conservateurs et des Libéraux-démocrates, attirant massivement des électeurs qu’on pourrait qualifier de « centre droit ». Le jeu politique écossais revient vers un bipartisme recomposé : Travaillistes contre Indépendantistes. Dans le bastion travailliste qu’est le Pays de Galles, ce serait probablement la seule voie susceptible de permettre au Plaid Cymru un succès électoral.
De ce point de vue, l’échec du parti aux élections de 2011 serait presque un pas dans le bon sens : après avoir participé à un gouvernement de coalition avec les Travaillistes, il s’est trouvé rejeté dans l’opposition. Mais que va faire le Plaid Cymru de cette liberté de manœuvre retrouvée ? Sa stratégie future dépendra de la personnalité de son prochain président, qui sera élu le mois prochain.
C’est dans ce contexte que certains interprètent l’enquête très fouillée (15.000 mots) publiée mercredi par le Guardian. S’il fait un tour complet de la question, l’article met surtout en valeur l’une des quatre candidats à la présidence du Plaid Cymru : Leanne Wood, une jeune femme originaire de la vallée du Rhondda, la plus « à gauche » des quatre, qui fait campagne bien plus sur la condamnation de la finance que sur l’identité galloise (sa présentation officielle sur le site du Plaid Cymru dit qu’elle veut faire du Pays de Galles une « république socialiste autonome »). Comme Le Guardian, l’auteur de l’article, John Harris, est nettement engagé à gauche ; journaliste prolifique, il est surtout connu comme un spécialiste de la musique britpop.
Le cas n’est pas unique. Le cercle de réflexion Left Futures, issu de la gauche du Labour, a lui aussi publié une analyse orientée, manifestement destinée à convaincre les militants du Plaid Cymru que Leanne Wood serait la mieux à même de les conduire sur les traces du SNP. Que leur position soit concertée ou non, des sites britanniques comme Red Pepper ou Socialist Unity ont aussi fait de leur mieux pour promouvoir la candidate, dont la stratégie rendrait très difficile le ralliement des anciens électeurs conservateurs ou libéraux qui a si bien réussi au SNP.