21/01/2012 – 10h30
NANTES (NOVOpress Breizh) – Une polémique futile autour du contrat de travail d’une artiste coréenne devrait être l’occasion de poser une question plus sérieuse : un orchestre essentiellement financé par les contribuables ne devrait-il pas recruter par priorité des musiciens formés aux frais des contribuables ?
« Violoniste coréenne : polémique à Nantes » : ce titre barre toute la une de Presse Océan ce vendredi 20 janvier. Alain Gralepois, président de l’Orchestre national des Pays de la Loire, dit avoir été contacté par Richard Samuel, préfet du Maine-et-Loire, qui lui aurait demandé pourquoi l’ONPL recrutait une musicienne coréenne et non française. M. Gralepois, qui se trouve être aussi secrétaire de la fédération de Loire-Atlantique du Parti socialiste, voit dans cette simple interrogation téléphonique un « dérapage » lié à « la politique d’immigration conduite par le gouvernement ».
Le préfet s’en défend et dénonce une « instrumentalisation politique ». Il est vrai que le timing de la révélation étonne : l’affaire date en réalité du 19 décembre dernier. Presse Océan ne dit pas pourquoi elle est publiée seulement aujourd’hui. La campagne électorale y serait-elle pour quelque chose ? Le doute est permis.
Richard Samuel, un préfet originaire de la Guadeloupe, ne saurait être soupçonné de racisme d’un point de vue politiquement correct ! A-t-il commis un excès de zèle ? Peut-être, mais pas celui que M. Gralepois invoque : de son propre aveu il a avalisé le recrutement de la jeune Coréenne avant même d’avoir recueilli l’avis de la direction du travail !
Quant au fond de l’affaire, la liste des musiciens de l’ONPL révèle que la préférence nationale ne règne pas dans la formation. Parmi ses 106 musiciens, on relève des noms russes, japonais, américains, bulgares, etc. Le chef d’orchestre, John Axelrod, est américain. Un seul des trois violons supersolistes, Gérard Klam, est français ; les deux autres sont l’un Roumain, l’autre Coréenne (il s’agit de Ji-Yoon Park, cause involontaire de ce tapage).
Posée ou pas par le préfet, la question de la préférence nationale n’a rien d’absurde. Le budget de l’ONPL, de l’ordre de 10 millions d’euros, est couvert à 80 % par des subventions des collectivités locales. On pourrait concevoir que la formation accueille par priorité des musiciens issus des conservatoires de la région, à commencer par celui de Nantes, financé à 96,5 % par les contribuables. Ces établissements forment chaque année des centaines d’artistes professionnels, qui ont parfois du mal à trouver un emploi. Fût-ce en Corée.